Deux dossiers cruciaux attendent le nouveau directeur de la Télévision romande: le numérique et la défense des minorités latines dans l’audiovisuel public. On lui souhaite bonne chance.
Le message électronique annonçant la nomination de Gilles Marchand à la tête de la Télévision suisse romande pesait pas moins de 3,8 megabytes. Trois disquettes haute-capacité pour contenir ce misérable document d’une seule page… C’est dire le chemin qui reste à la chaîne pour s’adapter au cybermonde.
A première vue, cette nomination de Gilles Marchand, 38 ans, est pourtant une bonne nouvelle. Sociologue de formation, l’homme a dirigé dès 1988 le département marketing de la Tribune de Genève avant de rejoindre trois ans plus tard une société de conseil aux entreprises de presse (Concept Media), puis Ringier Romandie en 1993. Il est resté dans l’ombre de Théo Bouchat jusqu’en 1998, année à laquelle il lui a succédé.
A la TSR, on le surnomme «Guy» Marchand, parce qu’on ne le connaît pas. A l’exception de Florence Heiniger, désormais toute fière d’annoncer qu’elle a déjà travaillé avec lui («L’Hebdo» de Ringier a sponsorisé son émission Faxculture).
Ce matin, quand la chaîne a appris sa nomination, de nombreux collaborateurs se sont dits soulagés. Soulagés parce que la guerre des chefs a assez duré. Soulagés parce que Marchand n’appartient pas au sérail: il ne sera pas paralysé par les rivalités internes.
Alors oublions cette formidable incompétence de ceux qui l’ont nommé. Deux ans après le ratage de la succession Chenevière, le directoire de la RTSR a encore réussi à se «parjurer», pour reprendre l’expression malheureuse de son président Jean Cavadini. Contrairement à ce qui avait été promis, Chenevière n’a pas été consulté au sujet de Marchand. Tant pis.
Dans une année ou deux, la télévision et le Net auront fusionné. La première mission de «Guy» Marchand est donc d’aider la TSR a rattraper son retard dans le monde numérique. On le présente comme un expert en multimédia, ce qui n’est pas tout à fait vrai: Webdo, après avoir joué le rôle de pionnier, s’est éparpillé dans la banalité et Dimanche.ch, malgré son nom, ne ressemble toujours pas à un site internet.
«Guy» Marchand a compris l’importance du Net: c’est déjà ça. Mais ce n’est pas tout. Il devra aussi défendre les minorités latines au sein de l’idée suisse SSR. Et en matière politique, il a tout à prouver.
Sa première journée dans la Tour des images qui bougent a été mouvementée. L’histoire est racontée ici.
