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Accidents de parcours?

On pourrait être tenté d’expliquer les revers récents de l’UDC par les seules personnalités «borderline» d’un Yvan Perrin et d’un Oskar Freysinger. Pourquoi ne pas y voir aussi un reflux de fond?

Ainsi donc l’UDC va mal. Baffes sur baffes, gifles sur gifles, vestes sur vestes. Les deux derniers et spectaculaires revers en date, à Neuchâtel et en Valais, ont fait beaucoup parler.

Bien sûr, pour chaque cas, pour toute débâcle, des explications circonstanciées, locales et particulières sont avancées. Toutes présentées en exceptions malheureuses et non significatives.

A Neuchâtel, c’est la faute de ce pauvre Perrin, ex-conseiller national, ex-conseiller d’État et désormais ex-président de cette section neuchâteloise qu’il était censé emmener vers la victoire. Un Perrin poissard par nature, abonné perpétuel au désastre, mélancolique indécrottable qui attire la défaite et aimante la chute comme d’autres la grêle ou les sauterelles.

Gabriel Lüchinger, le secrétaire général de l’UDC nationale, utilise pour résumer la situation une langue de bois particulièrement épaisse, arme ultime de ceux qui ne savent plus trop comment ils s’appellent: «Cette défaite est dramatique, mais elle offre aussi la chance d’un nouveau départ.»

En Valais, le grand responsable serait le troubadour approximatif Freysinger, dont le goût de la provocation semble être une deuxième nature. L’homme ne paraît s’épanouir que dans le dérapage et le doigt d’honneur. Le tout assaisonné d’une capacité hors norme à nier contre l’évidence et à hauts cris l’ampleur de la faute. A accuser le monde entier, plutôt que reconnaître l’évidence: un manque de flair politique constant, jamais démenti.

Un enfant comprendrait, en effet, qu’il est plutôt hasardeux pour un conseiller d’État de s’attacher les services d’un survivaliste racialiste, de placer à la tête du service de l’enseignement un quérulent narcissique notoire, de se gausser de manière vulgaire et scatologique des étudiants lors d’une remise de diplômes.

Pour expliquer ce qui leur semble inexplicable et qui crève pourtant les yeux, les partisans d’Oskar Freysinger en sont à pointer du doigt une tricherie de la communauté albanaise, orchestrée qui plus est par Christophe Darbellay. Plus loufoque, il n’y a pas.

Bref, l’UDC, mais aussi nombre de ses adversaires et pas mal d’observateurs, veulent croire à l’accident de parcours, dû à de mauvaises personnes placées aux mauvais endroits. Des accidents qui n’infirmeraient pas cette vague de fond portant partout le populisme de droite. Voyez, dit-on, le Brexit, voyez Trump, voyez la course en tête de Marine Le Pen.

Une piste inverse, pas plus sotte qu’une autre, peut pourtant être explorée. On oublie que le Brexit s’est joué à un cheveu et sur un malentendu, que Trump a profité d’un système électoral d’un autre âge. Et que peut-être ce populisme de droite ne pourra dans l’avenir que refluer, pour des raisons mathématiques et démographiques.

Ces mouvements reposent en effet sur deux piliers majeurs en forme de double rejet: de la mondialisation et de l’étranger. Un refus qui s’appuie sur la nostalgie d’un temps où les nations étaient fortes et clôturées et les peuples homogènes. Par définition, les adeptes de cette nostalgie ne peuvent que diminuer en nombre. Avec les années, de moins en moins de gens auront goûté au parfum entêtant et entêté des mondes anciens, de plus en plus de gens au fil des années auront des origines et des racines étrangères.

A ceux qui rétorqueraient que la catégorie de la population en France qui vote le plus Le Pen est celle des jeunes, on répondra que c’est aussi celle qui s’abstient, pour l’instant, le plus.

Nous voilà sans doute bien loin de Sion et de Neuchâtel, mais pas si éloignés des hordes kosovares conduites par Gengis Darbellay.