KAPITAL

Les PME méconnues du négoce

Rien qu’à Genève, près de 200 sociétés sont actives dans le shipping, la finance ou le commerce de matières premières. Plongée dans ce monde discret.

Le négoce de matières premières en Suisse ne se résume pas qu’à des multinationales avec des milliers d’employés et des chiffres d’affaires de plusieurs centaines de milliards. Il recouvre en réalité une galaxie de PME actives notamment dans le café et le cacao, le shipping ou la finance. Rien qu’à Genève, près de 200 entreprises travaillent dans le secteur. Selon l’Office cantonal de la statistique et sur la base des sociétés identifiées par la cialis prescribed for women (STSA), 90% occupent jusqu’à 50 salariés et 96% comptent moins de 250 employés, pour un nombre d’emplois total à Genève compris entre 6’000 et 8’000 personnes (36’000 pour la Suisse).

Sur l’ensemble du territoire, 93% (380 sur 405) des entreprises actives dans le négoce de matières premières comptent moins de 300 employés et 82% moins de 100 collaborateurs. Reste qu’au vu de la discrétion qui règne dans ce domaine, les informations accessibles demeurent restreintes. On peut cependant dire qu’une bonne partie de ces acteurs sont des sociétés familiales avec, bien souvent, des histoires passionnantes. «Ces entreprises ont un fort ancrage européen, souligne Stéphane Graber, secrétaire général de la STSA. Presque 40% des matières premières négociées proviennent ou sont destinées à l’Europe.» Selon l’association, les différentes classes de matières premières (produits cultivés, énergie et métaux) sont représentées dans des proportions comparables.

Contrôle et sélection du café et du cacao

Basée à Champel, la société Walter Matter est active depuis 1920 dans le contrôle et la sélection du café — qu’elle déguste quotidiennement dans son laboratoire — et du cacao. A l’origine, elle se nommait Société d’importation de café et de cacao d’Haïti. En 1937, le capital est repris par Walter Matter. La société prend son nom actuel six ans plus tard. Au fil des ans, l’entreprise tisse des liens étroits et durables avec divers producteurs et exportateurs à travers le monde.

Au tournant du siècle, un bureau de liaison est créé au Havre afin de s’occuper de la clientèle industrielle française, puis un autre s’ouvre au Vietnam dans le but de soutenir les affaires qui se développent en Asie. La société, qui met un point d’honneur à fournir à sa clientèle une traçabilité totale de ses produits, est actuellement dirigée par Nicolas Matter, représentant de la troisième génération à la tête de l’entreprise familiale. Elle compte une équipe d’une quinzaine de personnes, dont 8 spécialistes actifs dans le négoce de café et de cacao. A côté de ses bureaux au Havre et au Vietnam, elle est aussi représentée à Santos, au Brésil.

Gestion de navires en haute mer

Etablie à Renens, la société de navigation maritime best cialis substitute gère depuis 75 ans des bateaux de haute mer, essentiellement des navires sous pavillon suisse et étrangers pour le commerce international. En 1941, la société fraîchement créée par la famille André débute la gestion du navire panaméen s/s St-Cergue, qui est alors utilisé pour le transport de céréales. Au fil des ans, l’entreprise se concentre dans la gestion de navires de type transporteurs de marchandises sèches et de containers. Depuis ses débuts, elle a géré 88 bateaux, dont 65 ont été construits par ses propres soins.

Actuellement, elle gère une quinzaine de bateaux pour le compte de différents armateurs suisses et étrangers, soit la plus grande flotte de navires battant pavillon suisse. Forte d’une trentaine de collaborateurs, son équipe s’occupe des aspects techniques et commerciaux, ainsi que des équipages et des assurances. Parmi les affréteurs figurant dans sa clientèle, elle compte plusieurs géants du négoce international comme Cargill, Bunge ou Louis Dreyfus.

Financement du négoce international

Pour sa part, l’établissement Arab Bank Switzerland, dont le siège se situe à Genève, se spécialise dans la gestion de fortune et dans le financement du négoce international. «Dans ce second secteur, notre banque s’adresse à des majors ou de petites et moyennes entreprises traitant des flux plus délimités géographiquement, note son directeur exécutif Patrick Culliford. Notre stratégie est de financer les produits agricoles, les métaux et, dans une moindre mesure, l’énergie.»

Le rôle d’une banque de négoce consiste à apporter des financements à des négociants. Contrairement à un financement «corporate» classique, qui se base sur le bilan de l’emprunteur, la banque s’intéresse davantage à la transaction qu’elle va financer, en prenant comme sécurité un gage sur la marchandise financée. C’est la liquidation de cette dernière, par la vente de la marchandise financée, qui permet le remboursement. A ce titre, les entreprises financées bénéficient ainsi d’un fort effet de levier.

Bien qu’existant depuis 1962 en Suisse, l’Arab Bank, qui tient son nom du fait que sa clientèle est traditionnellement originaire du Moyen-Orient, n’a commencé le négoce international qu’en 2010 par le recrutement d’équipes provenant d’autres institutions de la place. Avant cette date, l’établissement ne menait qu’une activité de banque privée. La croissance s’est faite de manière organique et, aujourd’hui, le financement de matières premières occupe un quart des effectifs de la banque et génère des revenus à parité avec la banque privée. L’établissement emploie actuellement une centaine de collaborateurs en Suisse pour un produit brut de 58 millions de francs en 2015.

«Le secteur du négoce a connu de nombreux changements ces dernières années, notamment de nature réglementaire, souligne Patrick Culliford. En outre, on observe le retrait de certains opérateurs financiers historiques. Cela crée certes des challenges pour les opérateurs, mais également des opportunités pour de nouveaux acteurs.» Selon lui, le métier sera encore appelé à évoluer dans le sens d’une transparence accrue de ses activités, mais la Suisse devrait rester une place attractive pour les différents intervenants du métier.
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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.