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Tourisme: engouement pour les étoiles

Pour conquérir des créneaux horaires encore peu investis, les activités touristiques nocturnes se multiplient. Elles pourraient toutefois être freinées par la loi.

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Dans le Val d’Anniviers, en Valais, un «parc aux étoiles» devrait «voir la nuit» début 2017. Si les citoyens acceptent de participer au projet, des villages entiers seront immergés dans l’obscurité, permettant aux touristes d’observer les étoiles en compagnie d’astronomes, experts et amateurs. «Le but de l’initiative est de générer de la valeur partagée autant pour les villageois, la commune, le secteur touristique, les visiteurs que l’environnement», explique Vincent Grèzes, responsable du projet et professeur à la Haute école de gestion et tourisme HES-SO Valais-Wallis. Dès la rentrée scolaire, des équipes d’étudiants plancheront sur la réalisation concrète de ce parc, sur des produits et services connexes et sur les manières de mesurer son succès, ainsi que la réduction de la pollution lumineuse.

D’après des expériences similaires effectuées à l’étranger, en France notamment, comme le Parc aux étoiles de Triel-sur-Seine dans le parc du Château de la Tour ou encore la cheap cialis overnight delivery, le défi le plus important sera d’«éteindre» les villages, avec la coopération — fondamentale — des habitants. «Outre la dynamisation du tourisme en Valais, l’objectif de cette ‘réserve d’obscurité’ sera aussi d’éduquer les visiteurs. Il n’est pas donné à tout le monde de connaître telle ou telle constellation», estime le chercheur.

Pour Rafael Matos-Wasem, professeur à la Haute Ecole de Gestion et Tourisme de la HES-SO Valais-Wallis et spécialiste du tourisme durable, le tourisme de nuit, à l’instar du Parc aux étoiles, est appelé à se développer en Suisse. Car il existe une volonté des acteurs touristiques et économiques d’aller à la conquête de la nuit. Il s’agit par ailleurs d’un segment horaire encore peu investi. «On assiste petit à petit, dans les villes, à la multiplication des événements nocturnes et à l’ouverture de terrasses à des heures de plus en plus tardives», observe-t-il.

L’obscurité pour publicité

Le spécialiste rappelle que la lumière et le tourisme ont très tôt été étroitement liés. «La première installation d’éclairage électrique à fonctionner en Suisse, nous la devons à l’hôtelier Johannes Badrutt. Il l’a aménagée dans l’hôtel-pension Engadiner-Kulm, à Saint-Moritz, en 1878-79.» Désormais, l’éclairage artificiel a investi tous les espaces et toute la durée de la nuit. Le revers de cet accroissement des sources lumineuses et du tourisme qui l’accompagne est qu’ils importunent une partie de la population locale et la faune sauvage. Rafael Matos-Wasem imagine cependant que dans le futur, les stations touristiques de montagne étudieront davantage leur éclairage public et l’illumination de leurs devantures. Ce, afin de réduire la luminosité et promouvoir cet aspect dans leur marketing pour séduire des segments touristiques spécifiques. «Ce marché de niche, qui mériterait de bénéficier d’un label, pourrait être relié aux notions de tourisme durable et de slow tourism. Car l’obscurité permet des nuits plus calmes et moins agitées.»

Directrice de l’École supérieure de tourisme à Lausanne, Véronique Hermanjat estime pour sa part que l’offre de tourisme nocturne helvétique n’est pas assez valorisée. Outre les casinos, théâtres, bars ou restaurants, des manifestations diurnes sont désormais décalées la nuit, comme par exemple la Nuit des jeux, organisée par le Musée suisse du jeu, ou encore la Nuit suisse de la rando proposée par Suisse Rando. Ce segment du tourisme se noie malheureusement dans le reste de l’offre. «La mise en valeur du tourisme nocturne et l’exploitation de ce créneau horaire offrent un important potentiel touristique, poursuit Véronique Hermanjat. D’autant que le secteur du tourisme doit sans cesse innover, se diversifier et être original, en été comme en hiver.»

La difficulté majeure qu’elle entrevoit dans le développement de ce segment reste toutefois la rigidité des heures de travail en Suisse. «Il est difficile de faire travailler les gens le soir ou la nuit. Les conventions collectives sont peu flexibles et l’obtention de permis pour la tenue d’événements nocturnes peut s’avérer problématique.» Les heures d’ouverture des commerces, réduites en Suisse par rapport à d’autres pays européens, pourraient également freiner le déploiement d’activités touristiques la nuit.
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ENCADRE

Tourisme nocturne: des activités diversifiées

Du ski au dîner médiéval, en passant par le cinéma, les propositions d’activités nocturnes se multiplient en Suisse et dans le monde. Exemples.

Aux Etats-Unis ou en Europe, la promotion de projets touristiques propres à la sauvegarde du ciel étoilé s’accentue. En France par exemple, l’cialis common dosage organise chaque année depuis 2009 un concours ouvert à toutes les communes du pays pour obtenir un label «villes et villages étoilés» allant d’une à cinq étoiles. Plus de 570 communes bénéficient déjà de ce statut.

Le soir et la nuit, il y a, d’une part, le tourisme urbain et, de l’autre, les activités de plein air ou sportives qui se pratiquent essentiellement en montagne ou en région périphérique. «Le tourisme urbain compte de plus en plus d’animations comme, par exemple, La Nuit des musées, une manifestation culturelle qui a essaimé dans la plupart des grandes villes suisses, ajoute Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme. Ou encore des événements comme des marchés ou des projections de films nocturnes.»

Certaines villes offrent des visites thématiques guidées la nuit: tournée des ruelles à Bâle, excursion combinée à un dîner médiéval à Schaffhouse ou virée nocturne durant la période de Noël à Zurich. «Dans les régions rurales et de montagne, l’offre d’activités sportives de plein air la nuit est particulièrement étoffée en hiver, observe Véronique Kanel. Qu’il s’agisse des descentes aux flambeaux en ski alpin, de pistes illuminées ou de randonnées en raquettes au clair de lune.»
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Une version de cet article est parue dans la revue Hémisphères (no 12).

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