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Un outil pour fabriquer des mini-organes

Produire in vitro des organes miniatures ne relève plus de la science-fiction. La start-up lausannoise SUN bioscience se démarque dans ce domaine en plein essor.

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Sylke Hoehnel et Nathalie Brandenberg, cofondatrices de la start-up lausannoise SUN bioscience, enchaînent les succès. Ces derniers mois, leur projet a séduit l’organisation californienne de soutien à la création d’entreprises Founder.org et la Commission fédérale pour la technologie et l’innovation (CTI), avec à la clé plus de 700’000 francs de fonds. Les deux jeunes scientifiques de l’EPFL ont aussi attiré l’attention du magazine américain Forbes, qui les a intégrées à sa liste des personnalités de moins de 30 ans les plus prometteuses. «Cela nous donne une visibilité incroyable», s’enthousiasme Nathalie Brandenberg.

SUN bioscience est active dans la fabrication in vitro de mini-organes, un des domaines des sciences de la vie les plus en vue du moment. Concrètement, la start-up a mis au point une plateforme qui permet la culture de cellules souches (des cellules indifférenciées qui se caractérisent par leur capacité à engendrer des cellules spécialisées) en trois dimensions et à large échelle. Cette innovation répond à l’un des principaux problèmes que rencontrent les chercheurs: les techniques actuelles utilisent un espace en deux dimensions qui ne correspond pas à la réalité du corps humain. La jeune entreprise se distingue également pour avoir développé un substrat mou et modulable qui recrée l’environnement des cellules, alors que ce type de travaux s’effectue aujourd’hui sur des surfaces plastiques dures et peu adaptées.

Un atout pour la médecine personnalisée

Le nouvel outil est destiné aux laboratoires, aux instituts de recherche et aux entreprises pharmaceutiques. «Les organes miniatures créés grâce à notre plateforme pourront être utilisés pour mieux comprendre comment les cellules réagissent aux maladies et pour tester l’effet des médicaments sur différentes pathologies», expliquent Sylke Hoehnel et Nathalie Brandenberg. «Le recours aux mini-organes permet, d’une part, de réduire les tests sur les animaux, et, d’autre part, d’obtenir de meilleurs résultats. Il s’agit d’une situation doublement gagnante», souligne pour sa part Marcus Textor, l’expert de la CTI pour les domaines des micro et nanotechnologies qui a évalué la start-up.

La technologie de SUN bio­­science se positionne également dans le domaine de la médecine personnalisée. En utilisant des cellules prélevées sur un patient, il est possible de recréer in vitro son profil spécifique, et donc d’évaluer de manière précise quel traitement sera le plus efficace pour lui. Un aspect que Marcus Textor juge également très prometteur. «Si l’on prend l’exemple du cancer du sein, de nombreuses patientes ne retirent pas de bénéfice de traitements standards, mais en subissent les effets secondaires. Les mini-organes augmentent les chances d’identifier la bonne combinaison du premier coup. Cela représente un avantage de taille pour le patient et permet de réaliser des économies en évitant des thérapies coûteuses qui ne sont pas efficaces.»

SUN bioscience prévoit de lancer la commercialisation de son produit dans le courant de l’année. Plusieurs clients potentiels, dont des groupes de recherche à l’Institut des sciences de la santé de Nestlé et l’Université de Berne, ont déjà manifesté leur intérêt.
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Une version de cet article est parue dans In Vivo magazine (no 9).

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