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Les hôpitaux romands misent sur l’impression 3D

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En décembre dernier, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont réalisé une première suisse: la pose d’une prothèse de la cheville grâce à l’impression 3D. Concrètement, l’impression 3D a servi à fabriquer des guides de positionnement et de coupe, qui ont ensuite été placés directement sur le tibia et le talus du patient durant l’opération. Les avantages? Plus de précision et de personnalisation, mais aussi une réduction du temps d’intervention.

«Avec les méthodes traditionnelles, la pose d’une prothèse de cheville dure 1h30, explique Nicolas de Saussure, porte-parole de l’hôpital. Grâce à l’impression 3D, le temps nécessaire passe à 45 minutes, ce qui réduit considérablement le stress pour le patient.»

Victor Dubois-Ferrière, responsable de l’équipe de chirurgie du pied et de la cheville, a rapporté la technique, encore peu répandue en Europe, d’un stage de formation au Canada. Aux HUG, des guides de coupe imprimés en 3D seront désormais employés dans la majorité des cas de prothèses de cheville. Le nouveau procédé pourrait concerner à l’avenir la pose de prothèses d’épaule, de hanche et de genou.

Une orbite pour 550 francs

La nouvelle témoigne de la place croissante que prend l’impression 3D dans les hôpitaux suisses. Les HUG l’utilisent également pour la préparation de certaines interventions chirurgicales en orthopédie, en chirurgie maxillo-faciale et en chirurgie plastique. «L’impression 3D n’est plus perçue comme futuriste. Elle est devenue une réalité», observe Marc Thurner, directeur de l’entreprise fribourgeoise cialis eli lilly australia, qui développe des imprimantes 3D pour le domaine biomédical et qui collabore en Suisse avec les hôpitaux universitaires de Genève, de Berne et de Zurich.

Le CHUV dispose de sa propre imprimante 3D depuis novembre 2013. Appelée «Projet 3500 SD», la machine a coûté 70’000 francs et sert principalement à fabriquer des modèles d’organes pour la préparation des opérations. Ces reproductions en plastique polymère, ultra-précises et en taille réelle, sont élaborées en se basant sur l’imagerie médicale du patient. Elles permettent au chirurgien de planifier l’intervention, de préparer une pièce à implanter ou de s’entraîner. «L’objet peut être manipulé, découpé ou perforé, précise José Pahud, responsable de la Centrale d’impression et de reprographie (CIR) du CHUV. Cela évite notamment de soumettre le patient à de nombreuses séances de radiographie. En revanche, les impressions ne sont hélas pas biocompatibles et ne permettent donc pas de réaliser des implants ou des guides de coupe.»

Près de 70 pièces ont été imprimées au CHUV ces deux dernières années et plusieurs projets sont en cours. La réalisation d’un modèle d’orbite (la pièce la plus demandée) nécessite 1,5 heure pour la création du fichier, 19 heures d’impression et de finition, pour un coût de 550 francs. «Auparavant, les pièces étaient commandées à l’extérieur, ce qui était plus long et plus onéreux», précise José Pahud. La machine est surtout sollicitée par les chirurgiens orthopédistes et maxillo-faciaux, mais l’intérêt gagne d’autres disciplines, comme la radio-oncologie. Le CIR a également reproduit des racines aortiques pour le Service de chirurgie cardio-vasculaire et travaille sur la modélisation d’un cœur.

Lente évolution

La tendance est là, certes. Mais les spécialistes relèvent qu’elle reste plutôt timide en Suisse. «L’acceptation de cette technologie émergente demeure relativement lente, analyse Marc Thurner de RegenHU. Elle concerne surtout les hôpitaux universitaires, qui peuvent davantage se permettre de dégager des fonds pour tester des outils innovants. Ces nouvelles techniques demandent de former du personnel, et induisent des coûts qui ne sont en partie pas pris en charge par les assurances.»
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Une version de cet article est parue dans In Vivo magazine (no 8).

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