La justice américaine a ordonné la fermeture de la plate-forme d’échanges de fichiers MP3. Les internautes continueront à télécharger des morceaux, ailleurs.
La justice américaine a sorti son fusil pour tirer sur Napster. On discutera ensuite, comme on dit dans les westerns. Le juge fédéral Marilyn Hall Patel a ordonné mercredi par une injonction (sorte de mesure provisionnelle à la sauce US) la fermeture de la fabuleuse plate-forme d’échanges de musique. Le procès aura lieu plus tard, en automne, mais cette décision donne un signal assez clair sur son issue.
La Recording Industry Association of America (RIAA), qui poursuit la startup californienne, a peut-être gagné une bataille, mais elle perdra à coup sûr la guerre contre les internautes. Car le concept de bourse d’échanges de fichiers a eu le temps de se développer et le trafic de documents multimédia sur le Net est promis à un bel avenir.
Napster aura eu le mérite de populariser à une vitesse phénomènale le téléchargement de musique sur Internet. D’un hobby de pirates du dimanche, l’exploitation de fichiers audio s’est généralisée à l’ensemble du public. Presque tous mes amis internautes se sont mis à monter leurs petites compilations pirates.
Que va-t-il se passer après vendredi, quand Napster sera fermé? Les internautes iront voir ailleurs. Il existe plusieurs alternatives, plus ou moins faciles à utiliser. Tour d’horizon.
La première s’appelle Gnutella. Il s’agit d’une bourse généraliste qui permet d’échanger n’importe quel type de fichier: des MP3, mais aussi des images (JPG) ou même des films (MOV ou MPG). On peut utiliser plusieurs logiciels (la liste est disponible sur le site) pour accéder aux serveurs.
Contrairement au système Napster qui contient un annuaire de l’ensemble les fichiers à disposition, le réseau Gnutella est réparti: la recherche d’un fichier consiste à interroger successivement les serveurs disponibles. Chaque machine répond à la requête de l’internaute si elle contient le document demandé.
Les recherches sur Gnutella ne se formulent pas de la même manière que sur Napster, puisqu’il faut préciser le type de fichier. Par exemple, pour retrouver la chanson «Beautiful Stranger» de Madonna, il faut entrer quelque chose comme «Madonna stranger mp3» dans le champ de requête. En raison de sa structure répartie, Gnutella reste malheureusement très lent.
Scour Exchange est un système plus performant. Il est assez facile d’emploi, mais risque aussi d’être bientôt menacé par la RIAA car il contient un annuaire centralisé comme Napster. Un jeune challenger, qui fonctionne cependant uniquement sur Windows, s’appelle iMesh. L’interface est élégante, mais le nombre de fichiers disponibles reste encore faible. Une situation qui va rapidement changer puisque les 20 millions d’utilisateurs de Napster vont bientôt déverser leur discothèque sur ces nouveaux réseaux.
