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Hollywood à portée de clics

Grâce à son site participatif, la start-up genevoise Lynoe ambitionne de devenir une alternative au circuit de production cinématographique.

Des internautes du monde entier qui mettent leurs forces en commun pour produire un film? L’idée a longtemps trotté dans la tête d’Etienne Kern, Geoffrey Moret et Mickael Rochat, trois diplômés en marketing digital de l’école CREA à Genève. Le concept a finalement pris la forme d’une plateforme web. Baptisée Lynoe, elle permet à ses membres d’échanger des idées, mais aussi de collaborer en direct sur des projets cinématographiques, un réalisateur mexicain pouvant ainsi se retrouver à travailler avec un scénariste japonais. Depuis son inauguration il y a quatre mois, le site participatif peut déjà revendiquer la mise en route de 14 projets, réalisés par des internautes venant de 200 villes et de 36 pays différents.

Leslie Sharpe, jeune Irlandais de 18 ans, a réalisé le premier court-métrage de la plateforme, sur le thème du sport et de la motivation. «Quelqu’un m’a aidé à trouver le titre, un autre à créer l’affiche, explique Leslie Sharpe. J’ai aussi reçu du soutien pour le son et les sous-titres. Mon film n’aurait pas été le même sans eux!»

Développeur web de profession et vidéaste amateur dans son temps libre, Raphael Baumann a lui aussi utilisé Lynoe pour démarrer son projet: une web-série qui met en scène un alcoolique trouvant une machine à remonter le temps. «Je n’ai pas fait d’école de cinéma, donc il me manque les contacts, remarque ce Lausannois de 25 ans. Pour l’instant, j’utilise le site comme un forum. Les commentaires reçus sont très instructifs.»

Nouveaux formats

L’aventure Lynoe a débuté en avril dernier dans la chambre de l’un des trois fondateurs, redécorée pour l’occasion aux couleurs de la start-up. «Nous avons passé tout l’été à coder avec deux diplômés de l’EPFL», raconte Geoffrey Moret. L’équipe compte désormais six personnes et dispose de vrais locaux à Genève, dans un espace appartenant à l’école CREA.

Passionnés de cinéma, les fondateurs de Lynoe s’avouent déçus par le manque de créativité des géants du secteur. «Le milieu d’Hollywood est assez fermé et élitiste, dit Geoffrey Moret. Les productions actuelles sont trop portées sur les franchises.» Avec leur site web, trois associés veulent favoriser l’ouverture et la créativité. L’objectif est aussi de miser sur les nouveaux formats qui émergent sur internet. «Aujourd’hui, les vidéastes se pensent comme des créateurs de start-ups. Ils se font connaître avec des vidéos courtes, qui leur permettent ensuite de réaliser des projets plus conséquents.»

Cap sur Los Angeles

Alors qu’il était jusqu’ici accessible uniquement sur invitation, le site va bientôt s’ouvrir à l’ensemble des internautes. Une étape importante qui doit permettre de lever des fonds, espère Geoffrey Moret. «Les investisseurs sont frileux. Lorsqu’on avait le concept, ils nous disaient de revenir avec un prototype. Maintenant, ils veulent des utilisateurs et bientôt, ça sera de la rentabilité. Mais on ne se décourage pas pour autant!»

Sous sa forme actuelle, le site fonctionne un peu comme un forum de discussion, mais les ambitions de la start-up sont bien plus importantes. Afin de rentabiliser son projet, l’équipe s’intéresse aux contenus sponsorisés. En clair, elle souhaite proposer à des marques de s’associer aux vidéos présentes sur sa plateforme. Elle estime aussi que de nouveaux distributeurs comme Netflix pourraient également être séduits. «Nous croyons beaucoup à l’exploitation des données, souligne Geoffrey Moret. Si on approche un distributeur ou un sponsor avec un projet qui a fédéré des milliers de personnes, on sera pris au sérieux.» L’implication des utilisateurs constitue aussi un moteur important: «Imaginez que vous ayez collaboré sur un projet de film sur notre site et qu’une phrase que vous avez écrite se retrouve dedans… Vous allez forcément en parler autour de vous!»

D’ici un an, les fondateurs de Lynoe envisagent de s’installer à Los Angeles. Paradoxal pour une start-up critiquant Hollywood? «C’est quand même là-bas que se prennent les décisions, estime Geoffrey Moret. Il y a des opportunités et des discussions qui peuvent changer notre vie à chaque coin de rue.»
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo.