Le groupe de Bill Gates croyait avoir trouvé le nom de sa nouvelle machine de guerre. Problème: un pionnier suisse du multimédia avait été plus rapide. Mais tout se négocie.
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Imaginez qu’un beau matin, Bill Gates sonne à votre porte pour vous acheter quelque chose qui vous appartient. Vous flairez la bonne affaire et vous avez raison. C’est ce qui vient d’arriver au Zurichois Steff Gruber, 47 ans, patron de Pixxel.com. Bien sûr, l’homme le plus riche de l’Univers ne s’est pas déplacé physiquement jusqu’aux anciens locaux de grossiste en légumes où la société a installé ses bureaux. Mais ses mandataires ont fait le boulot pour lui.
Voici l’histoire. Il y a plusieurs mois, Microsoft décide de baptiser du nom de «xbox» sa nouvelle console de jeux. Les juristes de la firme découvrent alors que l’adresse xbox.com existe déjà et qu’elle est protégée. Cette identité appartient, avec plus d’une centaine d’autres, à une société suisse de multimedia, Pixxel.com. Une entreprise qui invente des noms de marque, les fait enregistrer, puis les met en vente.
C’est Pixxel qui détient par exemple les adresses GigaSearch.com, TopTrade.com ou encore TeenGirl.com. Inventer des adresses, c’est un travail de professionnel du marketing. L’identité d’un site constitue un élément essentiel de sa réussite. Sur le Net, le nom d’une firme est ce qui sert d’appât. Qui se donnerait la peine de retenir une adresse comme www.bestauctiononline.com?
Mais Pixxel.com ne fait pas qu’inventer des noms de domaine. La société vend aussi une plate-forme clé en main. Avec pour slogan, «Your Internet Start Up Starts Here», Pixxel promet même de négocier le financement de ses clients auprès des sociétés de capital-risque.
Fondateur de Pixxel.com, Steff Gruber est un personnage qui collectionne les casquettes. Il était hacker à une époque où le mot n’existait pas. Il y a vingt ans, il a été l’un des premiers fournisseurs d’accès suisses à Internet, avec sa société Cultnet. Graphiste, technicien et propriétaire de la librairie érotique EBS (Erotic Book Store), il est l’auteur de deux longs métrages. Comme le résume l’hebdomadaire alémanique Cash, son parcours se situe à la frontière entre l’art, le commerce et la cybernétique.
Steff Gruber refuse de divulguer le montant que lui a versé Microsoft pour xbox.com. La rumeur parle de plusieurs centaines milliers de francs. Un chiffre, somme toute, raisonnable. C’est que les adresses Internet, ça peut rapporter beaucoup plus gros. Aux Etats-Unis, le nom Business.com a été vendu 7,5 millions de dollars, soit plus de 12 millions de francs suisses.