Trois films à l’affiche abordent plus ou moins frontalement la nudité masculine. Du slip blanc de Tom Cruise aux fesses de Jude Law, il y a matière à commmentaire.
Ah, les bijoux de famille de nos stars, objets de fascination qu’un magazine de cinéma français recense chaque mois parmi la moisson des nouvelles sorties… Ces dernières semaines, la récolte est abondante.
Retenez votre souffle: Largeur.com va se livrer à son tour, l’espace d’un article, au recensement des nudités masculines des films à l’affiche. Oh, ce n’est pas tant par intérêt pour les objets filmés (qui a pouffé?) que pour la manière de les filmer, chaque fois révélatrice. Dis-moi comment tu déshabilles, et je te dirai quel réalisateur tu es.
Il faut dire que les écrans de France projettent depuis trois semaines une exhibition spectaculaire: dans «Le Libertin» de Gabriel Aghion, Vincent Perez se ballade le petit oiseau à l’air pendant une scène d’un bon quart d’heure, sans complexe. Et le plus beau, c’est que le procédé se met à nu lui aussi, sans vergogne: c’est du racolage dénué de nécessité scénaristique et fier de l’être.
Aghion sait très bien que le libertinage n’a pas grand chose à voir avec le naturisme. La scène est donc absolument gratuite, juste conçue pour figurer dans une bande-annonce qui porte bien son nom, et tout à fait à l’image d’un film au scénario insignifiant, prétexte aux gauloiseries les plus grasses.
A cette provocation, tellement facile qu’elle en devient inoffensive, répond le style gêné mais entendu d’Anthony Minghella. On a déjà évoqué ici son «Talentueux Mr. Ripley». Comme il y est question d’homosexualité virile et que Minghella a horreur de la litote, il fallait forcément qu’il y fasse figurer des fesses masculines. Sa manière de filmer celles de Jude Law est emblématique de ce film faux-cul: on montre un peu mais pas trop, presque vraiment mais pas tout à fait, entre une ombre et un linge placé un rien tard devant l’oblong objet du désir.
En plus gonflé, si l’on ose dire, il y a cette scène amusante dans «Magnolia» de P. T. Anderson au cours de laquelle Tom Cruise joue les machos rouleurs de mécanique en petit slip blanc. On se dit d’abord: ouah, depuis qu’il a tourné avec Kubrick, le petit Tom se désinhibe et le réalisateur récompensé à Berlin n’y va pas par quatre chemins!
Puis on remarque la bosse disproportionnée qui bombe le devant du blanc cache-sexe. Et après les trois heures que durent «Magnolia», on comprend que le film est aussi rembourré que le slip de Tom. Donc aussi factice et rouleur de mécanique. Car dans cette composition contrapuntique qui entrecroise les destins d’une dizaine de personnages suivant une lente montée de tension puis une détente des plus optimistes, vous aurez droit à une compil’ de tous les ingrédients scénaristiques du cinéma américain façon années 90: les parents qui font le malheur de leurs enfants, le flic qui tombe amoureux d’une héroïnomane, l’infirmier qui se prend de compassion pour un magnat agonisant, des présentateurs télé au bord de la crise de nerf, des femmes BCBG à deux doigts de l’hystérie, sans oublier le petit black rappeur qui a trop regardé «South Park», un brin d’homosexualité, un zeste d’adultère et, fatalement, une bonne louche d’inceste.
Question mise en scène, c’est pareil. Suivant la logique du «tout est dans tout et réciproquement», vous aurez l’impression de visionner alternativement une comédie de Woody Allen, une épopée de Scorsese, un hymne de Spielberg, une loufoquerie de Tim Burton, un thriller de Schumacher, une impro de Cassavetes et même un film de Resnais. Dis donc, P.T., si tu nous montrais vraiment ce que tu as dans le pantalon?
