KAPITAL

Un Genevois lance une nouvelle compagnie aérienne

Après Baboo, l’entrepreneur genevois Julian Cook s’engage dans une nouvelle opération aérienne d’envergure: FlyA vise cette fois les vols intercontinentaux low-cost.

Décidément, la passion aérienne ne lâche pas Julian Cook. Le fondateur de la défunte compagnie genevoise Baboo lance FlyA, une compagnie long-courrier et low-cost. Dès l’été 2013, elle devrait proposer des vols reliant de grandes villes européennes à l’Amérique du Nord: Paris, Londres ou Milan à New York.

L’entrepreneur Suisse de 38 ans voit dans ce type de compagnie un potentiel important. «Il suffit d’observer ce qui s’est passé avec les compagnies low-cost court-courriers: celles-ci ont triplé la taille des marchés grâce à la stimulation de la demande à travers des prix bas.»

Les compagnies traditionnelles restent très dépendantes des recettes des classes affaires sur les long-courriers, induisant une structure de coût élevée en raison des commissions des agences de voyages, des prestations en vol ou d’espaces lounge dans les aéroports. Dans ses vols à prix cassés, FlyA compte appliquer la même politique qu’easyJet ou Ryanair, c’est-à-dire rendre toutes les prestations supplémentaires (repas, couverture ou boissons) payantes. Ce qui, aux yeux de Julian Cook, n’est pas incompatible avec un service de qualité. Sur les vols de la compagnie, qui commencera ses activités avec une flotte de trois Airbus A330 et environ 200 employés durant sa première année d’exercice, les 400 places seront monoclasse. Le système de prix des billets sera le même que pour les compagnies d’aviation low-cost court-courrier. “Nous proposerons des prix d’appel pour 99 francs l’aller simple vers New York”, annonce Julian Cook.

Autre aspect où FlyA souhaite se différencier: la productivité par employé qui, «notamment en raison de salaires élevés pour les pilotes de certaines compagnies traditionnelles», reste basse selon le futur patron. Tout comme l’utilisation des appareils: «Un avion long-courrier de British Airways vole en moyenne quatorze heures par jour, nous en visons dix-sept.» Un modèle d’affaires que d’autres compagnies à travers le globe ont déjà expérimenté, comme Jetstar en Australie, AirAsia X depuis Kuala Lumpur et, depuis peu, Scoot au départ de Singapour.

A terme, la compagnie, qui réunit à l’heure actuelle sept professionnels pour la plupart issus de Ryanair ou Virgin, souhaite se développer dans d’autres villes aux Etats-Unis (Boston, Washington, Miami) et au Canada, puis en Inde et au Moyen-Orient, et enfin en Afrique (où Julian Cook avait hésité dans un premier temps à lancer une compagnie avec des vols régionaux, avant de renoncer en raison des instabilités politiques locales). En cinq ans, FlyA veut atteindre une flotte d’une quinzaine d’appareils pour un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars. Pour y parvenir, la société, qui a créé une holding à Genève, finalise actuellement une levée de fonds de 200 millions de dollars d’investisseurs institutionnels et privés.

«Contrairement à l’erreur que j’avais commise à l’époque de Baboo, je ne veux pas me lancer sans les fonds nécessaires, dit Julian Cook. Cela afin de pouvoir m’occuper entièrement du management et de notre développement dès le lancement.» Et comment compte-t-il se prémunir d’une évolution à la hausse du prix du pétrole qui, avec les taxes gouvernementales toujours plus nombreuses, représente l’un des plus gros freins au développement du secteur? «Il est possible d’acheter des contrats à terme en bloquant le prix du pétrole jusqu’en 2014 à 100 dollars le baril, ce qui permet une certaine anticipation.»

Spécialiste du marché aérien, Craig Jenks estime que le timing du projet est bon car la demande devrait croître sur le long terme. «La structure de coûts basse de la compagnie devrait lui permettre de compenser le niveau élevé du prix du pétrole. Par ailleurs, elle n’a pas les mêmes intérêts que les trois grandes alliances Star Alliance, Oneworld et SkyTeam qui tendent à coordonner leurs horaires et leurs prix. Leur stratégie consistant à limiter la capacité et entraîner une hausse de ces tarifs.»