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L’extraordinaire voyage aux Indes occidentales des cornacs et de l’éléphant Couchepin

Pascal Couchepin, on le sait, n’aime pas les artistes, ces gens qui se mêlent de tout et qui, selon lui, «ont déjà la gloriole et voudraient encore de l’argent ». Il n’a donc pas besoin d’eux pour enrichir sa culture.

Or du 14 au 20 février, il s’est rendu en Inde pour une visite d’affaires dont il a tiré le bilan avec les journalistes invités. «Cela ne me déplaît pas d’être comme Shiva et d’arborer plusieurs visages», a-t-il déclaré au Temps (19-20 février).

Cette comparaison est d’une grossièreté très peu diplomatique pour ses hôtes indiens puisque d’une part Shiva est le dieu reproducteur auquel personne ne saurait s’identifier et que d’autre part il n’a pas plusieurs têtes, mais quatre bras. C’est Brahma qui a quatre visages.

On l’aura compris, notre ministre de l’Economie n’a pas très bien préparé sa visite. D’ailleurs à lire le quotidien national indien The Hindu du 17 février, il l’a même si mal préparée qu’il n’a pas pu rencontrer le chef du gouvernement trop occupé, lui, par la préparation de son budget.

Qu’à cela ne tienne puisqu’avec Pascal Couchepin voyageaient les cadres dirigeants d’ABB, du Credit Suisse et autres entremetteurs de son économie qui ont pris la parole à sa place. Selon l’Agence télégraphique suisse, «à propos de l’OMC, les parties ont pu se rendre compte que leurs positions ne sont pas toujours très éloignées.» Mais encore?

Pour en savoir plus, il faut consulter à nouveau le journal indien qui affirme que, selon Pascal Couchepin, photographié tout sourire en première page, «la Suisse et l’Inde sont d’accord pour que les questions d’environnement et les questions relatives au droit du travail ne figurent pas à l’ordre du jour des négociations».

En clair, le commerce mondial prôné par la Suisse n’a aucun rapport ni avec la dégradation de l’environnement ni avec le travail des enfants. D’ailleurs en Inde il y a aussi peu de pollution que d’enfants qui travaillent.

En clair, ne nous embarrassons pas des questions sociales, faisons confiance à la rapacité du marché. La tolérance, il y a des maisons pour ça. Et pour les catastrophes «naturelles», adressez-vous à la Croix-Rouge, section de Bophal.

Comme le dit crûment Pascal Couchepin, toujours lui, tirant le bilan de son voyage au pays des éléphants et de la porcelaine: «Au département des Affaires étrangères de s’occuper des droits de l’homme et à celui de l’Economie, des affaires et des patrons ».

Monsieur Deiss, vous me le recopierez cent fois!

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Daniel de Roulet, écrivain, vit à Genève. Il collabore régulièrement à Largeur.com.