Avec sa table interactive, une start-up de l’EPFL baptisée Atracsys s’apprête à concurrencer le géant américain. Avec Sony pour allié. Voici son histoire.
La rumeur lancée par le blog Pocket-lint s’est propagée en un jour à travers tous les sites technophiles: Sony devrait lancer en juin prochain une «table interactive» dotée d’un écran tactile géant et basée sur une technologie lausannoise. Le géant nippon aurait racheté la technologie développée par Atracsys, une start-up issue de l’EPFL. Du côté d’Ecublens, on se refuse à commenter la nouvelle, sans vraiment démentir. «Nous ne pouvons encore rien annoncer», répond avec prudence Gaëtan Marti, cofondateur de l’entreprise.
Avec son «AtracTable», un écran tactile géant de 60 pouces (150 cm), Atracsys veut concurrencer la solution de Microsoft baptisée «Surface». Les deux systèmes rivaux se composent d’une table transparente sous laquelle se trouvent une caméra et un projecteur qui affiche l’image sur la table. La caméra suit le mouvement des doigts et peut reconnaître certains objets posés à sa surface et, à côté d’un téléphone portable ou d’une brochure, afficher par exemple des informations supplémentaires que l’utilisateur peut manipuler à loisir. L’astuce? Un petit tag collé sous les objets et identifié par la caméra.
«Un écran tactile comme celui de l’iPad est incapable de reconnaître des objets, explique Gaëtan Marti, et nous ne cherchons pas à concurrencer les tablettes portables. Notre but n’est pas de faire plus petit pour le grand public, mais plus grand pour le marketing haut de gamme.» Atracsys se positionne sur le marché des foires d’exposition et des showrooms. «Le client doit vivre une expérience unique qu’il associera positivement à la marque et dont il parlera autour de lui. Des conseillers à la clientèle actifs dans le tertiaire utilisent déjà notre table pour montrer leurs produits. Ils nous ont dit avoir doublé leur efficacité de vente.»
Une dizaine de petites entreprises sont présentes sur ce marché, comme par exemple l’anglais MindStorm qui a racheté en 2007 «iBar», un prototype de bar interactif développé par un jeune étudiant de la Haute Ecole d’art de Bâle. Une alliance avec un grand producteur viendrait donc à point nommé pour Atracsys, qui avait déjà collaboré avec Sony sur un système d’interaction sans contact basé sur les mouvements de la tête. Car aujourd’hui, la firme lausannoise fait encore du sur-mesure: développées avec chaque client, ses solutions coûtent des dizaines, voire une centaine de milliers de francs. «Devant une petite société de dix employés comme la nôtre, certains clients expriment la crainte de nous voir disparaître.»
La start-up avait réussi un très bon coup en 2007 avec un dispositif développé pour Tissot et baptisé «beMerlin». Cet écran vertical transparent reproduit le système utilisé par Tom Cruise dans Minority Report et permet de manipuler virtuellement textes et images à l’aide de ses mains. Tout comme la table interactive, beMerlin ne s’avère pas particulièrement pratique ou intuitif, reconnaît Gaëtan Marti. Qu’importe: après tout, il s’agit essentiellement d’épater le chaland.
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Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.
