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Des prostituées en vitrine à Genève

Dans le quartier des Pâquis, un nouveau sex center a choisi de ne pas installer une façade opaque. Une particularité illégale selon la police genevoise, qui n’est pourtant pas intervenue jusqu’à présent.

large300410.jpg«C’est un lieu idéal pour travailler.» Assise sur un canapé en cuir de couleur beige, «Diamond», une superbe brune de 19 ans, a choisi d’attendre ses clients à l’intérieur du Golden Sex Center. Arrivée à Genève il y a moins de deux semaines, la jeune française a rapidement entendu parlé de ce nouvel établissement du quartier des Pâquis. «Dans la rue, il fait froid et je ne me sens pas en sécurité; les conditions sont plus confortables à l’intérieur.» Et surtout, la prostituée n’est pas moins visible que ses collègues déambulant sur le trottoir: les vitrines du lieu laissent parfaitement transparaître les fauteuils, les tabourets et les statues érotiques installés à l’entrée.

Avec ses filles en vitrine, une première à Genève et sans doute en Suisse, ce nouvel établissement, ouvert en début d’année par le propriétaire du Players voisin, attire l’attention. «C’est un sex center comme un autre, relativise le gérant Philippe — qui préfère taire son nom de famille. Je suis un prestataire de service qui met à disposition de ces jeunes femmes un cadre pour travailler.» Combien facture-t-il ce service? «Chaque prostituée paye 100 francs par jour. Je vérifie d’abord qu’elle soit bien enregistrée auprès des autorités en tant que prostituée, puis elle est libre d’utiliser à sa guise l’espace vitré et l’une des six chambres à disposition. Nous nous chargeons de l’entretien de la literie et fournissons les préservatifs.»

Le tarif journalier convient à «Ambrine», une française de 21 ans. «Je gagne entre 600 et 1’300 francs par jour. Je suis nouvelle dans le quartier et je suis jeune, cela me permet de faire augmenter le prix de la passe, généralement fixé à 100 francs. Mais je compte travailler pendant une courte période, juste le temps de mettre de l’argent de côté pour m’acheter une voiture.»

Le gérant dit subir des contrôles policiers trois à quatre fois par semaine, et détenir toutes les autorisations nécessaires. Pourtant, la police genevoise remet en question la légalité de l’usage des vitrines, sans être intervenue pour autant jusque ici. «La loi stipule qu’il est interdit de voir à l’intérieur d’un sex center depuis la rue, explique le porte-parole Eric Grandjean. Il est toléré que l’on puisse apercevoir les filles par la porte entrouverte, mais les parois doivent être opaques.»

La pratique reste cependant très différente d’Amsterdam, où les prostituées, installées dans des cabines en vitrine, ferment le rideau lorsqu’elles travaillent…
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.