TECHNOPHILE

J’ai essayé un téléphone qui fait Wap. Bof

Swisscom présentait mardi les nouveaux services interactifs destinés aux usagers de téléphones mobiles. Largeur.com a essayé pour vous.

Swisscom annonçait mardi à Berne le lancement de sa plate-forme Wap, ce service interactif destiné aux usagers de téléphones mobiles. Pour en bénéficier dès le 21 février, il faudra s’équiper du dernier cri: un appareil muni d’un écran – à peine plus grand que celui d’un modèle traditionnel – qui permet, au moyen d’une roulette ou de petits boutons, de parcourir de minuscules pages de texte.

Les trois plus gros constructeurs du monde, Nokia, Ericsson et Motorola ont profité de l’occasion pour montrer leurs nouveaux produits compatibles Wap (700 francs pour le moins cher).

Avec leurs téléphones Wap, les usagers peuvent consulter les nouvelles de SwissTXT (en gros, ce que propose l’Agence Télégraphique Suisse), mais aussi des informations boursières, les horaires des trains, des avions, ou des cinémas. Opérateurs et constructeurs n’ont pas attendu longtemps pour rebaptiser le Wap «internet mobile» même si l’interface et les applications disponibles n’ont pour l’instant pas grand chose à voir avec le Net.

«La convergence de ces deux technologies phares est sur le point de donner naissance à une réalité totalement nouvelle: internet devient littéralement mobile, le téléphone mobile interactif. Il en résulte un moyen de communication dont les possibilités dépassent largement celles des deux technologies réunies», s’enthousiasme Walter Heutschi, directeur de Swisscom Mobile, dans le communiqué de presse de l’opérateur.

L’arrivée du Wap (qui signifie Wireless Application Protocol) n’est pas une surprise en ce début d’année. A la grande foire Telecom l’automne dernier à Genève, les opérateurs n’avaient que cet acronyme à la bouche. A l’époque, j’ai essayé de jouer avec la roulette du Nokia 7110 dans le stand de Swisscom. Le gourou du Wap de l’opérateur national m’a encouragé à tester le service de renseignements (le bon vieux 111) adapté à cette nouvelle dimension. Sur le petit clavier numérique, j’ai lentement introduit mon nom et ma ville (appuyé quatre fois sur la touche 7 pour avoir le «s», trois fois sur 4 pour le «i», etc.), puis j’ai lancé la recherche.

«Establishing connexion», disait l’animal, exhibant un thermomètre animé digne de la version 1.0 de Windows. Une éternité plus tard, je reçevais la réponse, sous forme de liste interminable, dans laquelle je tentais de retrouver mon adresse en tournant frénétiquement le rouleau. L’interface maladroite (la roulette se contrôle difficilement, au moins au début) rend fastidieuse une navigation pourtant rudimentaire. Et à chaque clic, le processus recommence: «Establishing connexion», etc. Pendant ce temps, le compteur tourne et les avions décollent…

La transmission des données sur Wap s’effectue à 9600 bps, c’est-à-dire au débit d’un téléphone portable traditionnel, soit cinq fois plus lentement qu’avec un modem de bureau. Bien que la quantité de données transmises reste très faible (il n’y a que du texte), la lenteur fait immédiatement regretter l’efficacité d’une opératrice du 111.

Conscient de ce problème, Swisscom a décidé d’appliquer une tarification plus avantageuse pour les connexions Wap: 20 centimes par minute pour ses abonnés, soit une fraction du prix des communications vocales (le Natel Swiss facture 59 centimes la minute la journée) qui empruntent pourtant exactement la même infrastructure aux mêmes heures. A ce tarif de base pour la connexion s’ajoutent les prix des services consultés (renseignements, bourses, etc.) facturés par les fournisseurs.

On comprend soudain pourquoi, avec Wap, les yeux des opérateurs et des fournisseurs se mettent à briller. L’internet, dont le contenu gratuit est accessible presque sans frais de connexion depuis un PC, s’annonce enfin rentable sur les réseaux mobiles. Selon l’ATS, en tablant sur un développement comparable à celui d’internet, Swisscom estime le chiffre d´affaires de ce nouveau service entre 10 et 20 millions de francs.

Au total, Swisscom proposera en février plus de 20 services Wap. L’offre sera étoffée à 50 prestations à la fin de l’année. Les privés, Diax et Orange, sont sur le point de dévoiler leurs produits. Ce business n’intéresse pas que les opérateurs: CNN accumule par exemple les partenariats avec les opérateurs du monde entier pour diffuser des news payantes sur les téléphones.

J’attends avec impatience d’avoir accès à internet sur mon mobile. Je me réjouis de pouvoir choisir parmi des millions de sites gratuits, d’appuyer sur un écran couleur, tactile, sur des liens qui répondent vite, au moyen d’un clavier digne de ce nom. Je ne vais pas acheter de téléphone Wap.