Après les engins bridés à 25 km/h, place aux nouveaux modèles qui défient les scooters. Explications.
Trop pépère, le vélo électrique? Attendez d’avoir mis la main sur un modèle de dernière génération, capable de filer allégrement à plus de 40 km/h… L’expérience amène sans tarder à revoir son jugement sur ce mode de transport.
Rappel des faits: sur les vélos électriques traditionnels, équipés d’un moteur de 250 watts, l’assistance au pédalage se coupe automatiquement à 25 km/h, cela pour des raisons d’homologation. Avec la classe dite des 500 watts, cette limite n’a plus cours.
Et cela change tout: «Les gens qui essaient pour la première fois un 500 watts sont toujours très surpris. Ils ne s’imaginaient pas qu’un vélo électrique puisse être si puissant, raconte Vincent Ebiner, directeur du magasin Easycycle à Gilly (VD). Aujourd’hui, tout le monde s’y met, tout le monde veut du rapide!»
Observation confirmée par Serge Gration, vendeur chez Hot Point à Genève: «Clairement, la majorité des vélos électriques que nous vendons désormais appartiennent à la classe des 500 watts.» Pour quel public? Surprise! Essentiellement des jeunes gens.
«La clientèle type n’est plus la même, constate Boris Favre, responsable du marketing à WattWorld à Genève. Avant, le produit touchait typiquement les femmes de plus de 50 ans, sensibles à l’écologie. Il intéresse désormais des hommes urbains sportifs trentenaires. Et, quand on évoque les performances de ces vélos, on attire l’attention d’une clientèle encore plus jeune. Beaucoup choisissent aujourd’hui de passer du scooter au vélo électrique qui devient une alternative crédible.»
Même optimisme à Easycycle: «Tous les fabricants s’activent pour proposer des modèles rapides à leur catalogue. Ces vélos ont le potentiel pour remplacer les scooters. Bien sûr, le principe de base ne change pas: il faut pédaler pour activer l’assistance électrique, mais la puissance est là.»
Du côté des fabricants, les Suisses sont très bien positionnés sur le marché des gros moteurs, à l’image des marques alémaniques Flyer et Dolphin, qui jouissent d’une excellente réputation. Les tarifs actuels ne mettent toutefois pas encore ces engins à portée de toutes les bourses. Car, si les vélos bridés à 25 km/h se négocient aujourd’hui dès 2000 francs, il faut compter plus de 4000 francs pour un bon modèle de 500 watts. Le prix de la puissance silencieuse…
Le changement de catégorie est aussi administratif, car la simple vignette vélo, suffisante pour les modèles bridés à 25 km/h, ne convient plus avec les gros moteurs. Il faut munir l’engin d’une plaque jaune, ce qui implique quelques frais et une assurance. De plus, le vélo électrique 2.0 nécessite le permis de conduire (comme un vélomoteur). En revanche, le port du casque n’est pas obligatoire (même si un casque pour vélo reste fortement recommandé).
Au final, la seule limitation pour la classe des 500 watts tient à une autonomie en retrait par rapport aux petits moteurs, soit environ 30 km de trajet avant de recharger la batterie contre près de 60 km pour les modèles bridés à 25 km/h. Une faiblesse plutôt contraignante, d’autant que les modèles rapides ont précisément vocation de parcourir de longues distances…
«C’est dans le domaine de l’autonomie que la plus grande avancée reste à accomplir, résume Boris Favre, de WattWorld. Mais les constructeurs progressent aussi sur cette voie. Il y a de beaux progrès en perspective.»
Maquillage
Certains ont déjà trouvé la parade pour s’offrir des pointes de vitesse à moindre coût. Tout simplement en débridant le moteur électrique de leur 250 watts… Sur certains modèles, à l’instar du kit électrique P-250 du constructeur canadien Bion X, la manipulation relève même du jeu d’enfant. «On trouve toutes les infos nécessaires sur internet, explique Boris Favre du magasin WattWorld.
Il suffit simplement de changer un code dans la puce d’origine pour débloquer la bride fixée à 25 km/h. Beaucoup de gens connaissent aujourd’hui le truc.» Si l’intervention ne transforme pas pour autant le P-250 en pur sprinter, elle permet de gagner quelques précieux km/h.
En contrepartie, l’autonomie en souffre sérieusement et la garantie s’évapore, sans compter le caractère parfaitement illégal de l’opération, qui semble plutôt amuser le responsable de WattWorld… «Je n’ai pas encore vu de policier faire la chasse à un vélo électrique, mais qui sait?…»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 28 mai 2009.
