Le «stand up paddle», qui fait ramer les surfeurs du Pacifique, s’invite désormais sur le Léman.
C’est une grande planche de surf, munie d’un antidérapant, sur laquelle on se tient debout, et on rame au moyen d’une pagaie high-tech en carbone ultraléger. On appelle «stand up paddle» ce croisement improbable entre une gondole vénitienne et un surf hawaiien…
C’est d’ailleurs à Hawaii que le sport d’origine est né dans les années 60. Sur mer houleuse, la pagaie fournit au surfeur un point d’équilibre supplémentaire, qui permet de se pencher davantage, autorisant de nouvelles acrobaties. Malgré ses qualités, le stand up paddle n’a pas réussi à s’imposer à grande échelle. Ce n’est que depuis quelques saisons qu’il s’offre une vraie renaissance sur les plages du Pacifique: les ventes ont explosé, notamment aux Etats-Unis, ces dernières années.

Ce qui peut sembler plus inattendu, c’est qu’une variante de ce sport s’apprête à débarquer sur les rives du Léman, sous l’impulsion du fabricant suisse Nide-cker, persuadé du succès européen d’une déclinaison lacustre de ce sport. «C’est un moyen idéal de découvrir l’eau de façon ludique, simple et détendue, résume Robert Etienne, directeur marketing de l’entreprise basée à Rolle (VD). Ce sport offre des possibilités extraordinaires sur les plans d’eau intérieurs. Pensez à tous les jeux et excursions envisageables sur les canaux, lacs et rivières, notamment en Suisse: c’est là que se trouve l’avenir du marché du stand up paddle.»
Les planches développées par le fabricant suisse s’utilisent aussi en mer, mais elles privilégient la stabilité pour un usage mieux adapté aux lacs. Balades, jeux de balle, courses de rapidité: dans sa version lacustre, le stand up paddle devient un sport familial et facile d’accès: il suffit d’une petite heure pour se familiariser avec l’engin. «C’est un excellent outil pour travailler les muscles stabilisateurs du tronc, et donc un bon sport pour le dos», dit le docteur Finn Mahler, directeur de l’unité de médecine sportive de l’hôpital de la Tour à Mey-rin. Initié récemment, ce médecin pratique d’ailleurs lui-même désormais ce sport en famille sur le Léman!
Chez Nidecker, après le windsurf et le snowboard, le stand up paddle s’inscrit dans la stratégie de diversification créative qui a fait le succès du groupe jusqu’ici. Côté prix, le fabricant proposera dès cet été un équipement complet pour moins de 1700 francs. A l’heure actuelle il faut encore compter environ 2000 francs pour la planche et 150 à 400 francs pour la pagaie. Il n’existe pas encore d’école où pratiquer ce sport en Suisse, mais Nidecker propose volontiers aux curieux des séances d’initiation. Robert Etienne croit au succès du concept, et anticipe l’apparition de nombreux centres spécialisés sur les différents lacs helvétiques ces prochaines années, avec la possibilité de louer l’équipement: «Pensez au lancement du snowboard ou du skateboard: au début, les gens rigolaient, et puis vous avez vu le résultat ensuite.»
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Une version de cet article est parue dans L’hebdo
