CULTURE

Le skate, un objet d’art

Les planches à roulettes servent de support de création aussi bien à des jeunes photographes suisses qu’à des artistes contemporains mondialement célèbres comme Jeff Koons ou Richard Prince.

Un nombre croissant d’artistes utilisent des skates comme support de création. Parmi les plus célèbres, Jeff Koons, Marilyn Minter, Richard Prince ou Murakami ont récemment dessiné des modèles pour la marque de skateboard new-yorkaise Supreme. Créateur de l’iconique poster «Hope» pour la campagne de Barack Obama, l’ancien skater Shepard Fairley a été un pionnier dans ce domaine.

«Beaucoup d’artistes utilisent des pseudonymes afin d’éviter d’être reconnus et poursuivis pour d’anciens graffitis, souligne Balthasar de Pury, collectionneur d’art urbain et consultant auprès de Phillips de Pury & Company. Bon nombre optent dès lors pour des circuits de vente moins traditionnels que les galeries et se tournent vers internet.»

Autre solution: la maison de vente aux enchères propose des skates griffés dès 100 dollars dans le cadre de ses «saturday@phillips», des événements destinés à initier un public plus jeune en lui permettant d’acquérir des créations non limitées à des prix accessibles.

Le phénomène s’observe jusqu’en Suisse: les boutiques spécialisées Doodah proposent une nouvelle gamme de planches réalisées par le duo de photographes helvétiques Claudia Knoepfel et Stefan Indlekofer.

Baptisées «Supermodels», les planches sont illustrées de mannequins dénudées dans des positions lascives. «Nous ne voulions pas nous adresser aux gens de la mode ou de l’art, mais proposer un chouette support aux skaters», relève Claudia Knoepfel, qui est depuis longtemps active dans le milieu du skate.

Limité à 150 exemplaires, les modèles coûtent moins de cent francs. Ce qui ne les empêche pas de véhiculer une image très «arty». Pour Matthew Lee, directeur créatif de Doodah, cette transition s’explique par le fait que beaucoup d’anciens skaters se recyclent aujourd’hui dans l’art et s’intéressent de plus en plus à la peinture ou à la photographie, à l’image d’Ed Templeton, figure du street art.

Inévitablement, un marché se crée et certaines planches peuvent atteindre une cote intéressante: un modèle de la série «Monkey trains» de Jeff Koons a été vendu 2’500 dollars l’année dernière par Phillips de Pury & Company, soit 25 fois le prix d’achat moyen du même skate en boutique. De quoi réfléchir à deux fois avant de propulser ce genre de planche sur une rampe.