On connaissait les photos, les webcams et les tests d’affinité online. Mais il manquait une composante essentielle aux plateformes de rencontre online: l’odeur, élément pourtant primordial, disent les biologistes, de la séduction. Car, on l’a prouvé scientifiquement, il existe des compatibilités particulières – et aussi des incompatibilités biologiques – que l’on détecte, souvent inconsciemment, par l’odorat.
Fort de ce constat, la start-up bernoise Basisnote lance une offre en ligne révolutionnaire. Objectif: identifier le partenaire idéal en fonction de son odeur. L’idée n’a rien de farfelue et a déjà séduit plusieurs investisseurs, dont la Banque Cantonale de Zurich. Au total, l’entreprise vient de lever un million de francs pour mettre son système en production. Les respectables EPFZ et l’Université de Lausanne collaborent par ailleurs avec Basisnote.
Concrètement, deux variantes s’offrent aux clients. La première option, qui coûte 145 francs, consiste à recevoir à domicile une boîte d’échantillons d’odeurs. Plus précisément, six paires de deux échantillons qu’il s’agit de comparer en indiquant chaque fois sa préférence (ou son indifférence) pour l’une ou l’autre. En fonction des réponses données, un profil est établi pour chaque utilisateur. «Les personnes qui affichent des préférences très différentes sont les plus complémentaires, et donc les plus compatibles», explique Dominic Senn, co-fondateur de Basisnote.
Cette prédisposition à l’alchimie, que détermine notre odorat, s’observe aussi par analyse de certains gènes, que Basisnote a pu mettre en évidence. C’est pour cela qu’une deuxième option est proposée, facturée 245 francs: l’entreprise analyse, en laboratoire, un échantillon de salive du candidat et peut sélectionner ensuite avec beaucoup plus d’acuité les profils compatibles. Concernant les préférences homosexuelles, la complémentarité génétique n’est démontrée par aucune étude, mais rien n’indique qu’elle fonctionne différemment de celle des hétérosexuels, précise Basisnote.
Sûre de sa technologie, la start-up bernoise l’a proposée à des sites de rencontre en ligne. «Nous sommes en train de négocier des partenariats avec des géants du secteur en Suisse et dans le monde, dit Dominic Senn. Nous voulons greffer notre service sur une structure déjà existante.» Dans l’attente d’une annonce officielle, probablement d’ici au printemps 2009, Basisnote met son système à l’épreuve dans le monde réel lors de soirées «Duftflirting » (littéralement «flirt par l’odeur») organisées en Suisse alémanique, comme le 4 décembre dernier à Zurich, en collaboration avec la société Speedflirting. Les participants à ces soirées se prêtent au test des six paires d’échantillons d’odeurs, puis les profils les plus compatibles sont invités à faire connaissance. «En Suisse romande, un tel événement est prévu le 14 février prochain pour la St-Valentin.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.