KAPITAL

Le trading de devises profite de la crise

Alors que les perspectives de gains se réduisent sur le marché des actions, les investisseurs se tournent vers celui des changes. Les sociétés de courtage en ligne, comme Dukascopy ou ACM, en bénéficient directement.

En ces temps agités, les investisseurs se tournent vers le marché des changes. Particuliers et professionnels jugent le secteur plus stable et transparent, mais aussi plus performant que le marché des actions. «Avec sa liquidité presque sans fin, le marché des changes est le seul à garantir à l’heure actuelle la possibilité à un trader de liquider sans peine ses positions, explique Nicholas Bang, managing director du broker de devises en ligne ACM. Par sa structure même, il offre toujours des possibilités de gain, quelle que soit l’orientation du marché. On peut même dire sans risque que le contexte actuel offre, par la volatilité des cours engendrée, plus d’opportunités que jamais.»

Au-delà de la liquidité et des perspectives de gain, la sécurité pèse également lourd sur la balance. «Les gens se sont rendus compte que les actions peuvent chuter même si les fondamentaux restent bons», juge Alain Broyon, directeur de la place de marché suisse de devises Dukascopy – SWFX.

Selon lui, les devises deviennent une classe d’actifs de plus en plus accessibles pour le grand public: «Un des motifs de l’augmentation des investissements en devises réside dans la perception de stabilité des Etats. Avec la crise, les investisseurs préfèrent placer leur argent dans les économies étatiques, que ce soit par le biais d’obligations ou de devises. Car si une société peut aisément faire faillite, il n’en va pas de même pour un pays entier.»

Très marqué ces dernières semaines, l’engouement se développe fortement depuis ces 4 dernières années. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), le chiffre d’affaire international du marché des changes se chiffrait en avril 2007 à 3’200 milliards de dollars par jour, en croissance de près de 70% par rapport à avril 2004.

La Suisse ne fait pas exception. Les volumes traités sur le marché des changes prennent eux aussi l’ascenseur: ils sont passés chez ACM (180 collaborateurs pour environ 15’000 clients dès 2’000 francs) de 70 milliards de dollars par mois en 2006, à 150 milliards en septembre de cette année.

De son côté, Dukascopy, qui emploie 90 personnes, connaît un volume de transactions compris entre 6 et 7 milliards de francs par jour en moyenne. Le nombre de comptes ouverts (dès 50’000 francs) durant ces 6 derniers mois, a augmenté quant à lui environ de 50%, avec une croissance particulièrement marquée auprès des banques suisses.

«Nos clients souhaitent avant tout diversifier leur portefeuille, souligne Alain Broyon. Ils placent en règle générale entre 10 et 20% de leur fortune dans le FOREX.» Une proportion qui, avec la crise, ne cesse d’augmenter.

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Une version de cet article est parue dans le magazine économique Bilan du 19 novembre 2008.