LATITUDES

La chirurgie laser séduit les hommes. Mais chut!

Ils préfèrent que leurs collègues n’en sachent rien. Mais la clientèle masculine est en nette augmentation dans les instituts de traitements esthétiques.

«Beaucoup d’hommes demandent des interventions juste avant le weekend afin d’arriver la semaine suivante au travail sans la moindre trace.» Véronique Emmenegger, spécialiste en chirurgie laser au Centre Clinic Lémanic à Lausanne, confirme que la clientèle masculine est en constante augmentation, mais que les hommes n’assument que rarement une telle intervention devant leurs amis ou collègues.

Par chance, les techniques au laser assurent aujourd’hui une discrétion totale: dans la plupart des cas (rides, taches, couperose, acné, effacement de tatouages ou épilation), les rougeurs disparaissent après un ou deux jours. Seul le traitement des «taches de vin» (comme celle de Gorbatchev) implique des suites plus longues et visibles. «Auparavant, la totalité de la peau traitée était touchée, explique Luigi Polla, de l’institut genevois Forever Laser. Les nouvelles générations de lasers permettent aujourd’hui de travailler en profondeur, mais de manière plus ciblée. La cicatrisation se fait donc plus rapidement.»

Les tarifs débutent, selon l’institut, à 200 francs pour le traitement de petites taches et peuvent s’élever à 7000 francs pour un gommage des rides «permettant de faire gagner environ cinq ans au patient», dixit Luigi Polla.

«A la différence du Botox, qui ne traite que les rides d’expression (front, pattes d’oie, plis d’amertume, ndlr) ou de la chirurgie plastique, qui transforme les zones du visage et du corps, le traitement au laser redonne à la personne ses traits passés, ajoute Véronique Emmenegger. Il n’y a donc pas de problèmes d’identité.»

Qu’en pensent les patients? Traité pour une couperose sur le nez, ce Lausannois de 28 ans se dit globalement satisfait du résultat, même s’il juge le tarif un peu salé (500 francs pour une séance d’un quart d’heure). Il regrette en outre que certaines marques soient revenues après une exposition au soleil: «J’avais pris soin de planifier mon opération en hiver pour éviter les rayons. Mais un week-end à Rome un mois après l’intervention a fait sauter quelques nouveaux vaisseaux.» Quant à ce médecin de 54 ans, venu pour une épilation définitive, il juge le résultat beaucoup plus convaincant que le rasage ou la cire: «La repousse est limitée et le poil se fait de plus en plus fin au fil des rendez-vous.» Le prix varie selon les dimensions de la surface épilée: dans son cas, 700 francs la séance avec une réduction dès la sixième.

«Le laser est rentré dans le mental des hommes comme un geste plus médical qu’esthétique, résume Luigi Polla. La technologie les rassure.» De fait, pour le rajeunissement, 7% de sa clientèle est aujourd’hui masculine. Une proportion qui grimpe jusqu’à 18% pour la couperose. Et qui ne cesse d’augmenter. Du côté de la Clinic Lémanic, sur une vingtaine d’interventions quotidiennes au laser, la proportion de clients masculins atteint 15% à 20%. Pour la plupart, il s’agit de quadragénaires ou de quinquagénaires souhaitant maintenir, l’air de rien, un aspect jeune et dynamique, notamment pour des raisons professionnelles.

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 9 octobre 2008.