La chasse est ouverte. Depuis que les hommes domestiquent leur pilosité, ils ont le choix entre la pince, la cire chaude ou le laser… Des techniques pas toujours indolores qui les révèlent douillets.
Depuis une dizaine d’années, les hommes partagent avec l’autre genre un même souci: traquer le poil disgracieux. Réservée à l’origine aux sportifs, danseurs et quelques trendsetters, l’épilation s’est, depuis, largement démocratisée: «Les hommes constituent 35% de ma clientèle, remarque Chantal Morax, esthéticienne à Genève. Ils viennent tout au long de l’année, pas seulement en période estivale.» Plus qu’un simple geste de beauté, l’épilation est devenue une pratique régulière pour les hommes de 20 à 60 ans, principalement actifs et urbains. «Les jeunes sont d’ailleurs moins complexés, peut-être ont-ils plus l’habitude», observe Sylvia Borcard, de l’institut lausannois Atys.
La mode du torse glabre, apparue au début de la décennie, s’est imposée sur le long terme, surtout auprès des jeunes adultes. «Depuis 2001, ils n’ont jamais cessé de s’épiler le torse, souligne Eni Yarden, qui dirige un centre de beauté réservé aux hommes. Toute la journée, les adolescents me répètent qu’ils détestent les poils. Les hommes plus âgés ont été influencés par cette mode.»
Pas besoin d’être gay pour rêver d’une peau douce et lisse. «La plupart de mes clients sont hétérosexuels», confirme l’esthéticienne Carmen Favre. Ce que ces hommes viennent chercher? Le savoir-faire d’une professionnelle qui saura «mieux les conseiller et les épiler qu’une petite copine», poursuit-elle. Le tout pour des motifs d’ordre esthétique ou fonctionnel.
Pour les sourcils, les narines ou les oreilles, la pince à épiler est un usage courant. En ce qui concerne les plus grande surfaces (dos, torse, épaules), les esthéticiennes recourent plus souvent aux bandes de cire tièdes. «Beaucoup d’hommes pensent que ces gestes sont anodins. Mais il ne faut pas se faire d’illusions: les techniques d’épilation sont parfois douloureuses, précise Carmen Favre. Ce n’est sûrement pas un moment de détente.»
Pour les peaux ultrasensibles ou allergiques, il reste toujours la solution de l’épilation au fil, idéale pour les parties du visage. Technique orientale et millénaire, cette pratique gagne peu à peu les instituts de beauté suisses. «L’épilation au fil nettoie les pores et retend la peau», indique Mélanie Ferraris. Mais quel que soit le type de traitement, pour les hommes comme pour les femmes, «les crèmes hydratantes et apaisantes font partie intégrante du soin dépilatoire», indique Aline Rossier, esthéticienne à Bussigny.
Le dos est la partie du corps la plus épilée chez les hommes, devant les épaules. «Il s’agit là de poils disgracieux qui doivent impérativement être éliminés», confirme Cédric Saint-André Perrin, responsable du service beauté du magazine masculin GQ France. De plus en plus populaire, l’épilation des aisselles répond elle aussi à une préoccupation esthétique.
Pour le torse, en revanche, les avis sont partagés: alors que les jeunes continuent à plébisciter la version glabre, les professionnels de la mode prônent un retour à un naturel plus foisonnant, inspiré du style play-boy des années 70. «Chez de nombreux hommes, la mode est aujourd’hui au grand col profond qui s’ouvre sur un torse velu, observe Laetitia Guérini, styliste à American Vintage. Seuls les très jeunes adultes continuent de s’épiler complètement la poitrine.»
Et de nouvelles tendances sont en train de se dessiner, comme l’épilation intime. «C’est même une pratique en nette progression, constate Aline Rossier. Cire tiède, chaude ou IPl (épilation à la lumière pulsée): une heure suffit à laisser une peau douce. Mais à l’instar de Silvia Borcard, certaines esthéticiennes se refusent à pratiquer l’épilation intime masculine. «On m’a déjà formulé cette demande par téléphone, mais j’ai refusé pour des raisons personnelles. Je pense qu’il est préférable de connaître le client, et d’établir un lien de confiance auparavant.»
«De toute façon, il ne faut surtout pas tout épiler, c’est ringard», avertit Cédric Saint-André Perrin. Même traqué, géré, domestiqué, le poil s’arrange toujours pour avoir le dernier mot.√
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Combien ça coute?
Sourcils, de 15 à 25 francs.
Dos ou torse, de 50 à 80 francs.
Aisselles, de 20 à 30 francs.
Epilation définitive: électrique, laser, IPL: de 200 à 700 francs la séance.
Certains instituts de beauté proposent des forfaits et des devis personnalisés.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 22 mai 2008.
