La messagerie sur téléphone mobile connaît un formidable succès en Suisse et ailleurs. Comme toutes les réussites technologiques, elle a déjà ses codes, sa culture et ses inconditionnels.
Bip… bip… Encore un SMS qui tombe discrètement sur mon mobile. Je suis à table (j’ai débranché la sonnerie d’appel pour respecter les règles de politesse élémentaires), mais je me réjouis déjà de découvrir le petit message en sortant du restaurant. C’est sans doute elle. Elle adore m’envoyer des petits textes coquins, sachant que je les découvrirai au hasard de ma journée, en pleine séance de travail ou en déplacement:
«JE ME REJOUIS TANT DE TE RETROUVER CE SOIR… KISSES EVERYWHERE…»
En Suisse, entre 10 et 20 millions de SMS s’envoient chaque mois sur le seul réseau de Swisscom, soit une quinzaine par abonné. «La messagerie textuelle connaît un succès croissant, confirme Renata Cosby, porte-parole de Swisscom. Elle est particulièrement utilisée par les jeunes, mais aussi les hommes d’affaires qui s’en servent pendant leurs réunions.»
Comme toutes les réussites technologiques, la petite messagerie des portables a déjà ses codes, sa culture et ses inconditionnels qui partagent leurs combines sur le Net.
Je ne m’en rendais pas compte jusqu’à ce qu’il envahisse mon quotidien, mais ce système pourtant rudimentaire – rien que du texte, limité à 160 caractères – est une invention géniale: mieux que l’e-mail (parce que vraiment mobile), mieux que le téléphone (parce qu’écrit et donc pensé), et mieux que le télégramme ou la lettre (parce qu’instantané). De plus, l’envoi est discret, personnel et bon marché.
C’est un nouvel art épistolaire et minimaliste, une manière élégante de se rappeler au souvenir de ceux à qui on n’a rien à dire de vive voix.
Le SMS (short message system) a été introduit dès le lancement du standard GSM en Europe. Au moyen du clavier du téléphone, on peut envoyer ses petits textes à n’importe quel autre abonné mobile, où qu’il se trouve, même s’il utilise un opérateur concurrent ou étranger. Contrairement au téléphone, qui facture les appels en fonction des destinations, le SMS coûte le même prix, qu’on l’envoie à Lausanne ou à Buenos Aires.
Le message est véhiculé par l’opérateur vers une centrale de gestion baptisée SMS Center (ou SMSC). La facturation ne se fait pas lors de la transmission proprement dite, mais au moment de son passage à travers le SMSC. Le numéro de cette centrale de messagerie est défini dans les paramètres du téléphone portable. Les opérateurs facturent une poignée de centimes (30 en Suisse) pour chaque envoi de SMS à travers leur centrale.
Pour éviter de passer à la caisse, l’usager futé peut se mettre à la recherche d’une centrale extérieure à celle de son opérateur. Des listes de numéros de SMSC circulent sur le Net. On les trouve en introduisant «free sms center» ou «free smsc» dans un moteur de recherche. Celles que j’ai trouvé ne fonctionnent qu’occasionnellement. Ce sont les numéros +49 17 22.27.03.00, +35 84.05.20.29.99, +35 20.21.10.00.03 et +49 17 93.95.95.07.
Y en a-t-il d’autres? «Nous voyons régulièrement des nouveaux numéros de centraux apparaître, mais ils ne fonctionnent malheureusement pas toujours», explique Didier Divorne, responsable du site allo.ch spécialisé dans la téléphonie. La chasse est donc ouverte. Pour changer de SMSC, il faut introduire son numéro dans la rubrique «messages», sous le menu «centrale d’appel» ou «message center» de son mobile. Sur les nouveaux appareils Nokia, on peut même configurer plusieurs centrales et jongler de l’une à l’autre
De SMS à l’email
Outre la messagerie entre téléphones, le système SMS permet d’envoyer des courriers électroniques vers n’importe quelle adresse e-mail. Chaque opérateur propose ce service (moyennant une petite ponction financière) avec une syntaxe particulière, mais il existe sur le Web des systèmes extrêmement performants et gratuits.
L’un d’eux s’appelle Excell (rien à voir avec le tableur de Microsoft, rassurez-vous). Il permet de gérer facilement l’envoi d’e-mails avec son téléphone.
Pour s’inscrire auprès d’Excell, il suffit de choisir un mot de passe, par exemple «GULU», et d’envoyer un SMS contenant le texte «PASS GULU» au numéro +39 33.88.64.17.32 (une bonne idée pour la suite consiste à mettre ce numéro en mémoire, par exemple sous le nom «MAIL»).
Quelques minutes après avoir envoyé votre SMS, vous pourrez entrer dans le site (votre numéro de téléphone sert de login) et configurer votre messagerie. Le service permet par exemple d’ajouter une signature et une adresse de retour pour les mails qui seront envoyés depuis le portable. Ainsi, l’éventuelle réponse du destinataire ne sera pas perdue dans les sables.
Pour envoyer l’e-mail depuis le téléphone, il faudra ensuite faire précéder le texte du SMS par les lettres «EMA», suivie de l’adresse du destinataire (majuscules ou minuscules indifférentes), et de l’envoyer au numéro mémorisé précédemment sous «MAIL». Par exemple, pour envoyer un message à largeur.com:
«EMA info@largeur.com J’adore votre site.» (Certains téléphones n’ont pas le caractère «@», il faut alors le remplacer par un «!»)
On peut aussi ajouter un sujet au message en le mettant entre des points («.»):
«EMA info@largeur.com .Hello.J’adore votre site.»
Du Web au SMS
Dans l’autre sens, il est aussi possible d’utiliser le Web pour envoyer gratuitement un SMS à n’importe quel usager de mobile. En Suisse, le site Branchenbuch propose une interface élégante, en allemand. On peut même y mémoriser les numéros fréquemment utilisés. A l’étranger, les opérateurs proposent généralement sur leur site une page permettant d’envoyer des messages à leurs abonnés. Aux Etats-Unis par exemple, Sprint propose ce service gratuitement: un bon moyen de surprendre vos amis branchés new-yorkais.
Si une telle passerelle n’existe pas, le site sud-africain MTN propose la panacée: un accès gratuit à la messagerie de dizaines d’opérateurs du monde entier.
Le mail sur son portable
La dernière trouvaille technologique consiste à se faire envoyer des e-mails sur son portable. Dans la plupart des pays européens, les opérateurs ont déjà mis en place des passerelles permettant d’utiliser son numéro de téléphone en guise d’adresse électronique. En Suisse, ces adresses ont le format suivant :
– Pour les abonnés Swisscom : 079xxxxxxx@sms.ip-plus.net
– Pour les abonnés Diax : +4176xxxxxxx@diax.gsmmail.com
– Pour les abonnés Orange : 078xxxxxxx@sms.ip-plus.net
Les e-mails envoyés à ces adresses arriveront sur le téléphone de l’abonné concerné. Malheureusement, cette combine ne fonctionne pas à tous les coups: elle se limite pour l’instant à un nombre restreint de fournisseurs d’accès.
Un langage à part
L’usage du SMS nécessite de résumer sa pensée en quelques mots. Encore plus qu’avec le mail, les fous de messagerie mobile utilisent des acronymes, souvent dérivés de l’anglais qui s’abrège si bien.
Tout d’abord, les fameux «smiley», dont voici les plus connus :
🙂 Heureux
:-)) Très heureux
😉 Clin d’oeil
🙁 Triste
😀 Rire
:-O Surpris
Quelques mots anglais, et leurs abréviations cybernétiques:
Are R
Are you OK? RUOK?
All the best ATB
Before B4
By the way BTW
Excellent XLNT
Free to talk F2T
For your information FYI
Great GR8
Late L8
Love LUV
Oh I see OIC
Please PLS
Please call me PCM
Regards RGDS
See you later CUL8R
Speak SPK
Thanks THX
Thank you THNQ
Today 2DAY
