«Je souhaite vous présenter un nouvel aspect de notre engagement en faveur de l’environnement», écrit Christoph Franz, directeur général de la compagnie aérienne Swiss, dans son magazine de bord.
«Depuis mi-septembre, vous pouvez calculer lors de vos réservations sur Swiss.com les émissions de CO2 correspondant à votre itinéraire et les compenser financièrement par l’intermédiaire de la fondation suisse Myclimate qui utilisera votre argent pour financer des projets exigeants de développement durable. Favoriser la prise de conscience dans le domaine environnemental est l’un des principaux objectifs de notre compagnie.»
La Suisse a longtemps été associée au blanchiment d’argent, la voilà maintenant dans le créneau du blanchiment de conscience. Avec la fondation Myclimate, il est donc possible d’acheter des crédits carbone permettant d’«effacer» la pollution des particuliers et des entreprises.
En 2005 déjà, le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) demandait à ses offices d’introduire un système leur permettant de compenser les effets climatiques négatifs induits par l’utilisation de l’avion pour les voyages de service.
Un accord conclu avec la fondation Myclimate a permis de soutenir un projet indien de production de chaleur et d’électricité basé sur l’utilisation des déchets de biomasse.
Mais qui est donc Myclimate? Cette fondation zurichoise a été créée en 2002 par un groupe d’étudiants et de professeurs de l’EPFZ. Le conseiller fédéral Moritz Leuenberger est membre de son comité. Le projet a démarré avec un salarié et en compte 14 aujourd’hui.
Son concept: compenser les activités émettant du CO2 en finançant des projets faisant économiser du CO2. Les contributions qui lui sont versées sont investies à 80% dans de tels projets «réalisés et certifiés conformément aux directives et critères de qualité internationaux».
Des chiffres? Entre 2003 et 2006, les sommes encaissées par Myclimate sont passées de 60’000 francs à 830’000 francs par an.
Le prix des contributions? Le «ticket star» qui «compense les conséquences globales de mon voyage en avion sur le climat» vous coûtera 25 francs pour Zurich-Barcelone, 88 francs pour Zurich-New York et 222 francs pour Zurich-Sydney.
Vous paierez la moitié moins pour le «ticket basic» qui compense la moitié des conséquences.
A relever encore que les sommes versées à Myclimate peuvent être déduites des impôts car l’organisation est reconnue d’utilité publique dans le canton de Zurich. Un moyen facile et pas cher de s’acheter une bonne conscience.
Quant au slogan, «Prenez l’avion sans conséquence pour le climat avec le ticket Myclimate!», il laisse perplexe… Peut-on vraiment imaginer compenser sa pollution? Ne pas l’occasionner ne serait-il pas préférable?