KAPITAL

L’avenir radieux de la carte de visite

Malgré l’essor des nouvelles technologies, le petit carton de présentation reste incontournable.

Dans «American Psycho», l’écrivain Bret Easton Ellis décrivait des traders exhibant à tour de rôle leur carte de visite, chacun espérant fiévreusement démontrer aux autres qu’il possède le dernier cri en la matière. Depuis ces années 80 où la reconnaissance professionnelle passait par le morceau de carton, on n’a cessé d’annoncer la disparition de la carte de visite. Deux décennies plus tard, elle reste inévitable et continue à refléter l’origine de son possesseur: sobre dans la finance et les multinationales, elle devient plus expérimentale et incorpore de nouveaux signes distinctifs au sein des secteurs plus créatifs.

Beaucoup de tentatives ont été réalisées au fil des ans pour modifier sa forme: des modèles petits et carrés, dépliables, verticaux ou avec mini CD incorporés. « Mais pour des raisons purement pratiques, on en est toujours revenu au modèle rectangulaire standard, remarque Arnaud Grobet de l’agence Label Communication à Genève. La différence s’opère sur certains détails, tels que les logos ou le verni au dos des cartes, particulièrement en vogue ces dernières années.»

Afin de se démarquer de l’identité graphique souvent très neutre de leur entreprise, de nombreux employés possèdent une seconde carte destinée à leur sphère privée. De même, les sites communautaires, qui permettent de décliner un profil en fonction du public visé, commencent aussi à être utilisés comme un moyen de présentation: Facebook ou Asmallworld.net privilégient le réseau social, alors que des sites comme Xing.com et LinkedIn.com s’orientent davantage vers l’environnement professionnel.

Pourraient-ils un jour supplanter le rituel de l’échange de cartes de visite? «C’est peu probable, souligne Cristiana Bolli de l’agence Bread and Butter à Lausanne. Ces sites permettent de fournir plus de renseignements, mais pas dans l’immédiat. C’est pourquoi les petits supports imprimés, faciles à dégainer, ne disparaîtront jamais.» L’échec il y a quelques années des minis CD en format carte de visite provenait précisément de leur absence d’immédiateté et de l’effort demandé au récepteur. Pour des raisons similaires, l’échange de données via téléphones portables, a priori pratique, peine à s’imposer.

Consciente du problème, la société Swecard propose des «smart cards» de l’épaisseur d’une carte de crédit permettant de visualiser directement des informations sur un écran à cristaux liquides grâce à une puce. Les applications potentielles sont multiples: tickets d’avions, cartes de crédit, carte d’identité, mais aussi carte de visite multimédia, incluant des animations, des films ou des messages publicitaires.

Dans l’immédiat, le morceau de carton n’a pas trop de souci à se faire. «C’est d’ailleurs dans les pays les plus informatisés, comme en Corée du Sud, que l’on trouve les cartes de visite de meilleure qualité et les plus innovantes graphiquement, remarque Cristiana Bolli. Par ailleurs, avec la multiplication croissante de nos différentes casquettes, nous serons de plus en plus souvent appelés à distribuer des cartes.»