C’est un rituel immuable. Tous les jours, à peine sorti du travail, Alain Coppey revêt sa panoplie de guerrier. Deux heures d’entraînement quotidien, par amour pour son sport, le kickboxing, dont il a conquis la ceinture mondiale dans la catégorie superlégers (moins de 63,5 kg), en juin dernier à la patinoire de Malley, à Lausanne.
Ce Valaisan de 34 ans, concepteur en électrotechnique de métier, ne compte pourtant pas en rester là. Il remettra son titre en jeu, contre un adversaire qui reste à déterminer, le 8 mars 2008, à la salle omnisports des Bergières.
«Ce sera probablement mon dernier combat, prédit le sociétaire du National sporting club (NSC) de Lausanne. L’âge venant, il devient difficile de se maintenir au plus haut niveau.»
Pour l’heure, Alain Coppey (67 kg pour 173 cm) reste encore très affûté. «En temps normal, je m’entraîne une fois par jour mais pour me préparer au championnat du monde, je vais devoir passer la vitesse supérieur et prendre trois mois de congé avant la date fatidique. Je veux défendre le titre, mais dans les mêmes conditions, c’est-à-dire bien entraîné.»
Au printemps passé, avant son premier sacre mondial, le Valaisan s’était déjà astreint à ce régime type, en accord avec son employeur. «Trois entraînements par jours pendant trois mois, entrecoupés de plages de repos.» Une préparation indispensable pour espérer tenir le choc, douze rounds durant, contre un ténor de la catégorie.
Car contrairement à Alain Coppey, les stars étrangères de la discipline jouissent d’un statut de professionnel. Autant dire le jour et la nuit.
«En Suisse, il reste difficile de dénicher des sponsors.» Le champion parvient pourtant, à force de discipline, à concilier son travail et sa passion. Et de quelle manière! Son dernier adversaire, l’Allemand Christian Deiss, ex numéro un mondial WKA (World Kickboxing Association), peut en témoigner, lui qui, dans le chaudron de Malley, avait jeté l’éponge au terme du cinquième round, laminé par la frappe sèche de Coppey.
Sagement attablé à une terrasse, le Valaisan n’a pourtant rien d’une brute. Courtois, paisible, souriant, il partage sa passion avec plaisir: «J’ai commencé les sports de combats par le judo, à l’âge de 10 ans. Mes parents ne voulaient pas que je m’inscrive à la boxe qu’ils jugeaient trop violente… Je suis ensuite passé au kung-fu, puis à la boxe et au kickboxing.»
S’il dit avoir l’esprit de compétition, Alain Coppey reste très attaché à la pratique traditionnelle des arts martiaux, à l’instar du kung-fu, dont il dispense l’enseignement trois fois par semaine, après sa propre séance d’entraînement. «Pour la beauté du geste, la quête de soi. C’est une toute autre approche du combat», résume celui que les Chinois ont baptisé «Tigre souriant» lors d’une tournée effectuée en 2006.
La passion de cet athlète pour l’Empire du milieu s’étale en grand sur sa peau: un moine Shaolin, un phénix et un dragon, tatoués sur le torse et les épaules. «J’ai commencé avec le moine, à l’âge de 18 ans. Quand on aime un art martial c’est pour la vie.»
Une raison de vivre qui laisse bien peu de place à d’autres activités: «Pour l’instant je me consacre totalement au kickboxing et aux arts martiaux. Heureusement, mon amie Corinne comprend cette démarche car elle pratique elle-même le wu-shu, un dérivé sportif du kung-fu (ndlr: elle est championne suisse et médaillée de bronze aux mondiaux)».
Passion dévorante, aussi économiquement, puisque le Valaisan y a déjà laissé une bonne partie de ses économies. Il a ainsi payé de sa poche le dernier stage de trois mois, effectué sur sol américain, dans l’optique du titre mondial. Son sacre de Malley, en revanche, ne lui aura presque rien rapporté, sinon l’intérêt poli de quelques sponsors. «Je commence à rentrer des mes frais. Je dispose aujourd’hui d’un peu plus de soutien.»
Depuis le début septembre, Alain Coppey s’impose un entraînement matinal, une à deux fois par semaine. «Je concentre mon énergie sur le combat du 8 mars. Après, nous verrons. Je vais probablement passer une licence d’entraîneur pour la boxe et le kickboxing. Je n’envisage pas de quitter ce milieu. Il m’a donné tellement de plaisir.»
Palmares
Alain Coppey, 34 ans
Kickboxing
2007:Champion du monde WKA (World Kickboxing Association)
2006: Défense du titre Européen
2006: 1er Suisse à combattre en Chine – victoire aux points
2005:Champion d’Europe
2004: Champion Suisse
2002-2003: 4ème place au Championnat du Monde
2000: 9ème place au Championnat du Monde
1999: Sélectionné pour les Championnats du monde
1997-1998-1999-2002: Médaille d’or au Championnat Suisse
1996-1997: Médaille d’or au Champion Romand
Boxe
2004-2005: Médaille d’or au Championnat de Suisse
2002: Médaille d’or au Championnat de Suisse de boxe par équipe
2002: Médaille d’argent au Championnat de Suisse
2000-2001: Médaille de bronze au Championnat de Suisse
1998-1999-2000: Médaille d’or au Champion Romand
Distinctions sportives
2006: Nominé au mérite sportif du canton de Vaud
2002/2003/2004/2005/2006: Mérite sportif de la ville de Lausanne
2004-2005: Mérite sportif de la ville de Crissier
——-
Une version de cet article est parue dans Migros Magazine.