Petit rappel: sexy est un mot anglais arrivé des Etats-Unis dans les années cinquante. Quand il qualifie des personnes, il signifie «qui est sexuellement attirant» (cette actrice est sexy). Lorsqu’il accompagne une chose, «qui excite le désir sexuel» (une robe sexy).
Après avoir connu un sérieux creux de vague (l’esprit soixante-huitard l’avait expurgé de son vocabulaire), sexy est revenu en force. Il est maintenant omniprésent.
Le magazine américain «Esquire» vient d’élire l’actrice sud-africaine Charlize Theron femme vivante la plus sexy du monde. Pour son concurrent «Maxim», Sarah Jessica Parker est en revanche la femme la moins sexy du monde («elle a une tête de cheval», dixit le magazine).
Quant à Jessica Alba, elle arrive en tête d’un classement réalisé par une étude scientifique. Eh oui, des chercheurs de l’Université de Cambridge ont développé un indice permettant de cerner le déhanchement le plus sexy qui soit. Jessica Alba bat Kate Moss et Angelina Jolie déjà parée, depuis le mois dernier, du titre de «femme la plus sexy de tous les temps» par la chaîne britannique Channel Four.
Saviez-vous que cette saison, le béret est «sexy rebelle»? Il fait partie des 650 accessoires sexy que nous livre le hors série automne-hiver de Marie Claire».
La présentatrice de M6 Melissa Theuriau a été élue «présentatrice la plus sexy du monde» par un journal chinois. Une forme de gloire que n’apprécie pas particulièrement l’intéressée: «Je n’ai pas l’impression que l’adjectif sexy colle vraiment à mon boulot. Pour être franche, ça me dépasse complètement.»
L’adjectif colle-t-il mieux aux téléphones portables Toshiba TS-605 ou Sony-Ericsson S500i dont la pub nous apprend qu’ils sont très sexy? A la voiture Suzuki Swift tellement sexy, ou à un autobus de luxe japonais dont le nom «Selega» est un mélange entre les mots sexy et élégant?
Le mot colle-t-il à l’Energyday du 27 octobre, une manifestation «devenue quelque chose de sexy» pour Hanspeter Danuser directeur de l’Office du tourisme de Saint-Moritz? A l’écologie, la tendance la plus «sexy» du moment de l’avis du tendanceur allemand Eike Wenzel? A la ville de Berlin, «pauvre et sexy», selon le récent slogan de son maire Klaus Wowereit?
Pour lutter contre l’abstention en Pologne, était-il vraiment nécessaire que le gouvernement en appelle à aller voter «parce que c’est sexy»? Etait-il nécessaire que, dans la foulée, les candidates du Parti des femmes posent nues sur leur affiche électorale?
Faut-il vraiment qualifier de sexy un vote UDC parce qu’une de ses conseillères nationales «ressemble furieusement à Nicole Kidman» (éditorial du Matin, 3 novembre 2007)?
On peut se poser la question. On peut aussi se dire que ce rapprochement entre le vocabulaire de la démocratie et celui des maisons closes a quelque chose d’inquiétant.