A partir du mois d’octobre, le passager d’EasyJet devra s’acquitter d’une taxe supplémentaire pour chaque bagage enregistré en soute (5 francs par bagage). Plus il voyage lourd, et plus il devra payer. Par ailleurs, si la compagnie low cost ne possède toujours qu’une seule classe à bord, elle propose depuis peu des services premiums (payants) destinés à une clientèle plus exigeante: un embarquement express pour les passagers qui veulent rentrer les premiers à bord, une assurance voyage (qui couvre les frais d’annulation, l’assistance rapatriement, la perte des bagages ou les frais en cas de vol retardé) et un accès aux salons de l’aéroport. «Le passager achète la prestation dont il a besoin, sans qu’il y ait de coût supplémentaire pour la compagnie», résume Philippe Vignon, directeur commercial d’EasyJet.
Des nouveaux services que les compagnies traditionnelles proposent d’office et qui font monter les prix des billets EasyJet. On le sait, les billets EasyJet ne sont réellement bons marchés que lorsqu’ils sont achetés vraiment longtemps en avance. Après, ça se gâte. «Je vole souvent avec EasyJet mais j’ai remarqué que Swiss proposait souvent de meilleures offres pour Barcelone notamment, constate Alejandra Gonzalez, une passagère romande régulière. Et avec Swiss, j’ai une boisson, une collation, et j’accumule des miles.» Le porte-parole de Swiss, Jean-Claude Donzel, confirme une stratégie d’alignement assumée: «Nous adaptons nos tarifs au marché, nous avons en permanence des tarifs égaux à ceux d’EasyJet.»
Avec des tarifs à la hausse et de nouveaux services, EasyJet compte sur une croissance de sa clientèle d’affaires, la plus intéressante. «Elle représente entre 20% et 25% des passagers actuellement en moyenne, avec de grosses variations selon les destinations, révèle Philippe Vignon. Sur le tronçon Genève-Paris, plus de 40% des passagers sont des cadres en voyage professionnel.» Léonie Laffely, agente de voyages, confirme que «de plus en plus d’hommes d’affaires choisissent EasyJet et prennent l’option de l’embarquement express. Les horaires, souvent très matinaux et très tardifs, les arrangent. Ils peuvent faire l’aller-retour en un jour.» Même si les hommes d’affaires non plus n’apprécient pas forcément de se rendre au check-in à 5h du matin, heure à laquelle il n’y a pas encore de train ni de bus, avec des taxis dont les prix dépassent parfois celui du billet d’avion…
«Le premier objectif d’EasyJet a été d’étendre au maximum son réseau avec ses billets bons marchés, analyse Yann Cochennec du magazine Air et Cosmos. La compagnie a aussi voulu attirer les hommes d’affaires, en particulier dans le secteur des PME. Elle essaie maintenant d’améliorer ses services pour fidéliser cette nouvelle clientèle, c’est une suite logique.» Dès lors, un programme de miles ferait-il sens? «Je ne pense pas, répond Yann Cochennec. Car créer un tel programme coûte cher en main d’œuvre et en promotion.»
Autre preuve de la montée en gamme de la compagnie low cost, dès la fin de l’année, les nouveaux uniformes du personnel de cabine: fini les jeans noirs et les chemises oranges, place aux tailleurs, aux costumes et, pour la première fois dans l’histoire d’EasyJet, aux cravates! Un repositionnement qui fait sourire Julian Cook, patron de la compagnie régionale Flybaboo: «EasyJet essaie de dégager des revenus additionnels de ses clients, et opère des changements cosmétiques, mais le produit reste le même…»