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L’année du (fruit du) dragon

Il est blanc à pois noirs à l’intérieur, et sa peau rose fuchsia est recouverte d’écailles cireuses. Le fruit du dragon ne passe pas inaperçu sur les étals des supermarchés suisses. Aussi appelé pitaya, ce bulbe coloré dont la chair a la consistance du kiwi y a fait une entrée très remarquée.

«Nous avons commencé à en proposer il y a trois ou quatre ans, indique Martina Bosshard, porte-parole de Migros, et les ventes ont connu une croissance supérieure à celles d’autres fruits exotiques, particulièrement pendant la période hivernale.» Profitant de ce succès, la chaîne a lancé en avril dernier une série de boissons à base de fruit du dragon. «Deux jus de fruits, dont un exclusivement à la pitaya, et un thé froid parfumé.»

De même, la gamme Anna’s Best, commercialisée par Migros, a mis en vente une boisson «thaïlandaise» au fruit du dragon. Auprès du concurrent Coop, la pitaya est proposée dans l’assortiment depuis 2000 et a connu «une forte croissance en 2006», selon le porte-parole Takashi Sugimoto.

Le phénomène n’est pas confiné à la Suisse: les importations de ce fruit cultivé en Amérique centrale et du sud, ainsi qu’au Vietnam et en Malaisie, ont connu une croissance rapide dans l’Union européenne. De négligeables en 1995, elles sont passées à 200 tonnes en 2000.

Le fruit du dragon souffre cependant d’un handicap: il n’a que très peu de goût. Des chercheurs israéliens tentent d’ailleurs de le croiser avec une variété à chair jaune, moins appétissante mais plus sucrée, pour améliorer cet aspect.

Les boissons qui affichent un «goût fruit du dragon» comme argument de vente font donc davantage appel à son apparence flamboyante et à son image de fruit exotique et rare qu’à ses qualités intrinsèques. «C’est sûrement l’aspect décoratif de la pitaya qui en a fait un succès», confirme Takashi Sugimoto. Du côté de Migros, on acquiesce à demi mot: «Les gens disent rarement ‘J’aime le goût du fruit du dragon’, ils sont plutôt mus par l’envie de tester quelque chose de neuf ou de retrouver des sensations expérimentées en vacances.» Pas sûr que cela suffise pour asseoir le succès à long terme de l’insipide pitaya.