Le site zurichois figure parmi les plus visités de Suisse. Son modèle économique original lui permet de salarier une quinzaine de collaborateurs. Portrait.
Tilllate.com est devenu en cinq ans l’un des sites les plus visités de Suisse grâce à son concept ravageur: publier en ligne les photos prises dans les soirées en club.
Chaque mois, près de 400’000 personnes le consultent afin de voir leur photo ou celle de leurs amis. L’entreprise compte aujourd’hui une quinzaine d’employés fixes et travaille avec un réseau de 450 photographes bénévoles.
Sur la lancée de son succès en Suisse, elle a récemment exporté sa formule en France et en Angleterre. Ces deux pays disposent chacun d’un responsable Tilllate et de 150 photographes volontaires. Les premiers chiffres sont encourageants: le site français compte déjà 160’000 visiteurs. Tilllate couvre également les soirées d’Ibiza, mais uniquement quatre mois par an, durant l’été.
Son modèle économique, basé sur le bénévolat et l’échange de prestations, lui permet de réduire les coûts au minimum et de maximiser les marges. La filiale suisse de Sony a par exemple décidé d’offrir des appareils photo pour que sa marque figure sur toutes les images.
Les photographes acceptent de travailler gratuitement, moyennant certains avantages, tels que l’entrée libre dans les discothèques. De leur côté, les propriétaires de clubs sont ravis de voir les photos de leurs soirées exposées sur un site aussi populaire.
L’audience jeune, entre 18 et 35 ans, attire les annonceurs, qui paient entre 10’000 et 20’000 francs par mois pour figurer sur le site. Et les perspectives sont encourageantes: l’internet n’attire encore qu’une infime partie de toutes les dépenses publicitaires, soit 1% en Suisse et un peu plus de 4% en France et en Angleterre.
Tous les indices sont à la hausse. A côté de la vie nocturne, la société commence à investir le secteur privé, en proposant des services similaires lors d’événements et de sorties d’entreprise.
L’idée de lancer Tilllate est venue à André Schraner, Markus Popp et Silvan Mühlemann, trois étudiants de l’Ecole polytechnique de Zurich, lors d’une compétition de snowboard qu’ils avaient photographiée. Pour répondre aux demandes insistantes des participants, ils ont publié les images sur le web et se sont rendu compte de l’ampleur du marché potentiel.
«En faisant des recherches approfondies à l’époque, nous n’avons trouvé aucune entreprise qui proposait ce type de services», déclare Markus Popp, 31 ans.
Dès 2002, une première expérience à l’étranger est tentée en Floride. «Un ami photographe couvrait des soirées à Miami, raconte Markus Popp. Mais nous nous sommes rendu compte qu’un suivi plus important était indispensable pour réussir correctement une régionalisation.»
Les trois amis décident alors de se concentrer sur l’Europe où les projets se multiplient: après la France et l’Angleterre, un site allemand devrait voir le jour courant 2006.
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Une version de cet article a été publiée dans L’Hebdo du 19 janvier 2006.
