Le géant de la distribution ne cesse d’augmenter ses surfaces de vente, en particulier dans les centres urbains. Les dessous d’une stratégie rentable.
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«Rien que sur les cinq dernières années, nos surfaces de vente ont augmenté de 150’000 m2. Et cela continuera, en moyenne de 20’000 à 30’000 m2 par an.» Les magasins Coop couvrent déjà aujourd’hui en Suisse plus d’un million de mètres carrés. A la direction de Bâle, Stephan Gyssler, directeur des études de marché du groupe, résume simplement la stratégie: «Nous voulons construire de grands centres, si possible dans les villes, et agrandir les supermarchés de quartier.»
Ce n’est pas un hasard si la grande distribution veut se réapproprier les centres urbains. «Il s’agit d’une tendance générale qui s’observe aussi en France, explique Christophe Jemelin, géographe au laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL. En Suisse romande, nos études montrent qu’une majorité d’habitants de Neuchâtel, Lausanne et Genève préfère faire ses courses à pied. Par ailleurs, de nombreux centres situés à l’extérieur sont contraints, pour des raisons politiques, à rendre leur parking payant. En dernier lieu, les personnes âgées, qui favorisent l’achat de proximité, sont en augmentation dans les villes.»
Les chiffres le confirment: «Les meilleurs supermarchés, en terme de rentabilité, ne sont pas les plus grands mais ceux de 800 à 2000 m2 qui se trouvent dans les quartiers», dit Stephan Gyssler. C’est que la clientèle d’un supermarché de proximité est beaucoup plus régulière, contrairement aux hypers de périphérie, qui cartonnent le week-end mais restent vides toute la semaine.
L’annonce de l’arrivée en Suisse du géant allemand Aldi a donné un coup de fouet à l’ensemble du secteur. Un groupe de distribution touche le jackpot lorsqu’il peut s’implanter en ville tout en bénéficiant d’un immense espace pour la vente et le parking.
L’arrivée de Coop à Neuchâtel a financé la rénovation du stade.
C’est ce que réalise Coop actuellement à Neuchâtel, à La Chaux-de-Fonds et à Berne. A Neuchâtel, les intérêts de la Municipalité vont dans le même sens que ceux du distributeur. «Nous avions un problème avec le stade de Xamax, vétuste, et avec la caserne des pompiers, trop petite, raconte Antoine Benacloche, ingénieur cantonal. Grâce à l’arrivée de la Coop, nous obtiendrons une nouvelle caserne, un nouveau stade et un complexe avec six salles de gym. En plus, le centre commercial aura des retombées économiques importantes avec la création de 400 nouveaux emplois sur la commune.»
Ce sont deux caisses de pension, Prevista et Swisscanto, qui financent les 200 millions, coût de ce gigantesque projet et qui en seront les propriétaires. A la fin des travaux, en octobre 2006, la Ville possédera uniquement le stade. Coop est locataire du centre commercial de 24 000 m2, qui comptera par ailleurs 900 places de parc et une soixantaine d’autres enseignes. «Nous devions moderniser et développer notre présence dans la région, explique Jean-Marc Chapuis, membre de la direction générale de Coop en charge de l’immobilier. Au début, nous cherchions un site en périphérie, à Marin, là où sont tous nos concurrents. Mais nous avons bondi sur l’opportunité du stade.» D’autant que Migros prévoit de renforcer massivement sa présence à Marin.
Le projet à 60 millions de La Chaux-de-Fonds.
A La Chaux-de-Fonds, Coop investit 60 millions de francs pour s’installer en pleine ville: un centre commercial de 15’000 m2, avec 600 places de parc, ouvrira cette année, ou au plus tard en mars 2006, le long de l’avenue Léopold-Robert. La frénésie immobilière du distributeur n’est pas près de s’arrêter. En 2004, Coop a ouvert sept grands centres commerciaux en Suisse. Cinq autres ouvrages seront inaugurés cette année, dont le grand centre de distribution d’Aclens. La construction de sept grands centres commerciaux est déjà planifiée dès 2006.