Le magnétoscope numérique est le nouvel accessoire indispensable du cinéphile et du téléphage. Ce n’est pas un hasard si le marché a triplé cette année.
«C’est une séduction instantanée: toute personne qui installe un magnétoscope numérique, muni d’un disque dur et d’un graveur de DVD, ne pourra plus s’en passer. Et son vieux VHS finira à la poubelle peu après.» Albrecht Gasteiner affiche une mine ravie, sûr de ce qu’il avance. A la tête du DVD-Forum, le consortium qui réunit les professionnels suisses du secteur, il dispose de chiffres pour étayer sa thèse: de 10’500 appareils vendus à sa sortie en 2002, on est passé cette année à 110’000.
«Le graveur de DVD constitue la plus grosse croissance jamais observée dans l’électronique domestique. A ce rythme, c’est la mort annoncée du VHS en trois ans, poursuit Albrecht Gasteiner. Certes, il restera toujours quelques vieux magnétoscopes ici ou là, surtout dans les pays du Tiers-Monde, mais les cassettes VHS connaîtront le même destin que la musicassette lors de l’arrivée du CD.»
Les arguments du graveur de DVD sont effectivement convaincants, surtout si l’appareil est muni d’un disque dur (on parle alors aussi de PVR, pour Personal Video Recorder). Un graveur de DVD d’entrée de gamme, sans disque dur, coûte environ 500 francs. Mais on trouve déjà pour moins de 900 francs des modèles de grandes marques munis d’un disque dur de 80 Gb. Le choix du disque dur se justifie très vite si l’on considère ses nombreux avantages:
Montage avant gravage
L’enregistrement sur le disque dur permet d’éditer le fichier vidéo avant de le graver. On peut par exemple supprimer les publicités qui interrompent un film, couper les images qui précèdent le générique du début et s’accumulent à la fin d’un programme. L’édition s’effectue très simplement au moyen de la télécommande. Un jeu d’enfant. Ensuite, le gravage sur le DVD s’effectue rapidement, avec généralement un facteur 4X par rapport à la durée du programme. Un même montage rudimentaire peut s’effectuer avec une vidéo maison provenant d’une caméra vidéo. Plus besoin de PC pour monter et transférer son film sur un DVD et le donner à ses amis.
Capacité dopée
Un disque de 80 Gb – une capacité que l’on trouve sur un appareil d’entrée de gamme – permet déjà d’enregistrer 140 heures de vidéo. Les PVR sortis cette automne atteigne désormais 240 Gb, sans parler des modèles vendus au Japon qui dépassent les 600 Gb. Mais la capacité n’est pas le plus important, car l’usager va rarement conserver longtemps des programmes télévisés sur le disque dur. Logiquement, ils sont rapidement archivés sur DVD ou remplacés par de nouvelles émissions.
Télé décalée
C’est probablement la fonctionnalité la plus addictive. L’enregistrement numérique permet de stopper, reculer ou visionner au ralenti un programme qui passe en direct à la télévision. L’effet est saisissant, surtout devant un match de foot avec des amis. On peut aussi regarder le début d’un programme tandis que la fin s’enregistre encore, ce qui est très pratique pour les retardataires, d’autant que l’on peut ensuite très facilement sauter les pubs.
Une protection logicielle empêche le graveur de DVD de dupliquer un film loué dans un vidéo-club, mais l’appareil peut s’utiliser pour enregistrer de la musique sur un DVD. Il ne peut cependant pas graver de CD, mais seulement les lire. «Le marché se réjouissait de trouver un remplaçant du VHS, raison du succès du graveur de DVD, dit Albrecht Gasteiner du DVD-Forum. La prochaine étape sera l’arrivée de la haute définition.»
Ce que l’on appelle la TVHD existe déjà aux Etats-Unis et au Japon. La différence? Des images plus nettes, plus grandes, et plus larges grâce au format 16:9. En Europe, on trouve déjà des écrans à plasma ou des projecteurs à haute résolution (SXGA), mais pour l’instant, aucune chaîne de télévision n’exploite cette capacité. L’arrivée de la haute définition se fera donc grâce au DVD HD, la prochaine génération de disque. Mais selon le spécialiste, il faudra encore deux à trois ans pour que la haute définition s’impose en Europe. Et les graveurs exploitants cette technologie ne seront disponibles que dans un deuxième temps.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 9 décembre 2004.
