Il y a tout juste dix ans, l’interface graphique du réseau était inauguré au Cern par Tim Berners-Lee. Cette invention a changé la vie de Christian Blumberg.
Il y a dix ans, je commençais mes études en informatique. A l’époque, en 1989, chaque étudiant recevait naturellement un e-mail, accessible par un terminal VT100 (on en voit encore dans quelques rares agences de voyage) sur lequel le texte s’écrivait en orange sur fond noir. La faculté possédait bien sûr son réseau sur lequel étaient branchés quelques uns de ces Macintosh hors de prix. Mais les communications vers l’extérieur devaient impérativement passer par les vieux terminaux.
J’avais quelques amis qui étudiaient au Canada et qui bénéficiaient d’une infrastructure semblable. Entre les cours, on s’envoyait d’interminables e-mails. A l’époque, internet se résumait à ça.
Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, Tim Berners-Lee, ingénieur en électronique de 34 ans, travaillait dans les laboratoires du Cern de Meyrin, près de Genève. Pour mieux organiser le travail des physiciens disséminés sur plusieurs continents, il y développait un système convivial de distribution de l’information. Il avait eu l’idée d’utiliser le réseau internet existant, mais de définir un protocole de communication hypertexte: les utilisateurs pourraient ainsi naviguer en cliquant sur des liens. La première version du HTML (pour HyperText Markup Language) était née.
A la fin de 1990, Tim Berners-Lee avait achevé le logiciel nécessaire au premier serveur Web et à un navigateur. A l’origine destiné uniquement au texte, le HTML a rapidement integré l’affichage des images
Dans ma faculté, on avait alors branché les Mac sur Internet. Surtout, on les avait dotés du logiciel Mosaïc, que l’équipe de l’étudiant Marc Andreessen avait développé au NCSA (le National Center for Supercomputing Applications de l’Université de l’Illinois) en récupérant le code programmé au Cern par Tim Berners-Lee. Quelques mois plus tard, Marc Andreessen allait fonder Netscape en compagnie de Jim Clark, ex-patron du constructeur informatique Silicon Graphics.
Malgré la distribution gratuite du navigateur Mosaïc, les serveurs Web restaient très rares. En février 1993, la transmission de pages Web sur internet représentait moins de 0,1% du trafic. La messagerie et la transmission de données brutes (logiciels ou documents) occupaient le reste.
Un an plus tard, en 1994, Tim Berners-Lee quittait le Cern pour rejoindre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston. Il y constituera le W3 Consortium dont la mission consiste à coordonner l’évolution du Web.
Aujourd’hui, plus de 100’000 noms de domaines sont réservés chaque semaine.
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Christian Blumberg est ingénieur. Grâce à l’invention de Tim Berners-Lee, il vient d’acheter sa première caméra digitale mégapixel en ligne.
