«L’année 2003 fut historique, et la croissance continue!» A la direction du Club Alpin Suisse (CAS), on célèbre encore l’incroyable succès: 350’000 nuitées en cabane et un million de visiteurs de jour l’an dernier. Surtout, la barre mythique des 100’000 membres vient d’être dépassée.
C’est 30% de plus qu’il y a dix ans. «Nous avons bien sûr bénéficié du climat incroyable de l’année passée, se réjouit Bruno Lüthi, le responsable des cabanes. La canicule a envoyé les gens à la montagne, et le printemps était déjà très ensoleillé.»
D’une manière générale, le CAS se porte paradoxalement mieux en période de ralentissement économique car les Suisses privilégient alors les vacances de proximité, en montagne. «L’instabilité sécuritaire dans le monde joue aussi en notre faveur», poursuit le responsable.
Par ailleurs, la montagne et les sports d’altitude sont revenus à la mode. «La preuve c’est qu’on a trouvé de nouvelles appellations, comme «Nordic Walking» ou «Trekking» pour le même genre d’activité, sourit Bruno Lüthi. Nous profitons aussi de l’engouement des jeunes pour la grimpe et le ski extrême.» Le Club se détache ainsi de l’image véhiculée depuis si longtemps par ses membres, celle de cinquantenaires burinés qui jouent au jass devant des digestifs en cabane.
Dopé par des chiffres en constante progression depuis 1863, le Club Alpin peut sans problème investir dans de nouvelles infrastructures. Cette année, deux nouveaux établissements alpins sont inaugurés. La cabane Finsteraarhorn dans l’Oberland bernois a été entièrement reconstruite et offre dès le printemps le gîte pour 110 personnes. Un investissement de 2 millions de francs, dont les 2/3 sont pris en charge par la section régionale. La cabane Lischana, haut perchée au-dessus de Scuol, en Basse Engadine, a pour sa part été agrandie et sera rouverte cet été.
Avec un chiffre d’affaires annuel de 12 millions de francs, le Club est une jolie petite affaire économique. Le Club emploie 5000 bénévoles et compte seulement 22 postes de salariés pour l’administration et les activités d’édition. Les gardiens de cabane se financent en prélevant une solde sur les nuitées et les repas. L’essentiel des revenus du Club provient des cotisations annuelles, soit 100 à 120 francs annuels, que se partagent la centrale et les sections régionales. A ces revenus s’ajoutent aussi les nuitées – facturées 20 francs pour les membres et environ 30 francs pour les non membres – les opérations de sauvetages et les livres.
«Les Alpes», le magazine mensuel du Club traduit en trois langues, est distribué à tous les membres ainsi qu’à 10’000 abonnés. Avec un tirage de 80’000 exemplaires en progression, il est bénéficiaire et affiche des revenus publicitaires en forte hausse en 2004, grâce à ses fidèles annonceurs, des marques d’équipement et de vêtements de sport pour l’essentiel.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 19 avril 2004.