Le cycliste texan, âgé de 27 ans, a remporté dimanche le Tour de France. Il y a deux ans et demi, son médecin ne lui donnait que 50% de chance de survivre.
La victoire de Lance Armstrong au Tour de France est un événement tout à fait extraordinaire. En 1996, son médecin estimait que ses chances de survie ne dépassaient pas 50%. Atteint d’un cancer, le cycliste avait subi une ablation d’un testicule, quatre cycles de chimiothérapie ainsi qu’une intervention neuro-chirurgicale destinée à lui retirer ses métastases cérébrales. Pendant toute la durée du traitement, il avait continué à s’entraîner, roulant parfois 80 kilomètres par jour. Et il avait guéri, sans séquelle.
Deux ans et demi plus tard, le voilà qui gagne le Tour de France avec une moyenne de 40 km/h, ce qui le place parmi les plus rapides des vainqueurs de cette compétition. Dopé? Il affirme que non, mais d’autres s’étonnent qu’un tel exploit soit l’oeuvre d’un coureur qui, auparavant, ne s’était jamais distingué par ses talents de grimpeur.
Avec Le Monde, on pourrait aussi se demander comment un cycliste non-dopé a pu égaler les records en vitesse de la grande époque de l’érythropoïétine (EPO), mais ne soyons pas désagréables. Mettons cela sur les conditions climatiques particulièrement favorables, sur le tracé de ce Tour 99 et surtout sur la motivation exceptionnelle d’un athlète rescapé.
Marco Pantani, déjà, avait réussi un retour au top-niveau après son terrible accident lors de la course Milan-Turin, en 1995, où il avait failli perdre une jambe. Greg LeMond lui aussi s’était rétabli après un grave accident de chasse.
Mais la victoire de Lance Armstrong est d’un autre ordre. C’est celle d’un homme âgé de 27 ans qui s’est battu contre une maladie mortelle et qui a déployé une énergie invraisemblable pour remporter la plus mythique des courses cyclistes. «Je termine ce Tour de France heureux. Cela va donner de l’espoir à des millions de personnes dans le monde», a-t-il déclaré avec raison.
Le cancer, et celui du testicule peut-être plus que les autres, fait encore l’objet d’un immense tabou. Rares sont les hommes, publics ou non, qui osent avouer qu’ils en souffrent. Lance Armstrong s’est battu, il a parlé ouvertement de sa maladie, il s’est fixé un défi et il l’a gagné. Sa victoire n’est pas seulement un exploit sportif. C’est la revanche magnifique d’un homme contre la maladie du siècle. Une performance qui, sur le plan symbolique, fait avancer la lutte contre le cancer, car le courage est une arme.
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Le cancer du testicule est le plus fréquent chez les hommes âgés de 15 à 35 ans. Il peut presque toujours être guéri s’il est détecté à temps.
