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JFK Junior était programmé pour la présidence des Etats-Unis

Il ressemblait à un personnage de fiction. Tout en lui était médiatique. L’homme parfait pour la politique-spectacle.

Il avait toutes les qualités pour devenir président des Etats-Unis d’Amérique. Le physique avantageux, le mythe dans les gènes et la célébrité naturelle. Mieux encore: il occupait le champ politique sans prendre l’air d’y toucher, contrairement à la plupart de ses oncles et cousins. Aucune casserole ne salissait son CV. Sa réputation était immaculée.

On aurait pu croire qu’il construisait le personnage médiatique parfait pour présenter le moment venu sa candidature à la présidence. Dans ce pays en mal d’histoire et de légende, il s’offrait comme l’héritier d’une dynastie unique. Dans cette société méritocratique, il affichait sa notoriété gratuite avec insolence, sans avoir jamais rien fait pour devenir célèbre. Il fascinait la presse.

John Kennedy Junior flattait la fibre irrationnelle des Américains. Depuis ce jour de 1963 où, âgé de trois ans et vêtu d’un petit manteau bleu, il saluait le cercueil de son père assassiné, il occupait l’imaginaire collectif. Tout en lui était médiatique, jusqu’à son faux surnom, John-John. Sa famille ne l’a jamais appelé ainsi. C’est un journaliste américain qui l’avait affublé par erreur de ce diminutif après avoir mal compris une conversation privée.

Sa naissance, déjà, était un événement historique. Né 17 jours après l’accession de son père à la présidence, il avait évidemment fait la Une des journaux. De 0 à 3 ans, il était un habitué de la presse populaire. Et puis, après l’assassinat et l’enterrement de JFK, il avait disparu du paysage. Sa mère l’éloignait des caméras.

Au début des années 80, il était prêt pour une come-back spectaculaire. Sa silhouette de séducteur, ses abdominaux et son pedigree lui valurent le titre de premier célibataire d’Amérique. On le voyait au bras de Madonna, de Brooke Shields et de Julia Roberts. Il avait raté par deux fois son examen d’avocat au barreau de New York, mais peu importait: il restait le plus populaire des futurs présidents possibles. La presse ne cessait de l’interroger sur son entrée en politique. Les élections obéissent à la logique du spectacle, et à ce jeu là, il était champion.

Dans cette Amérique des années 80 dirigée par un ancien acteur, il suivait des cours d’art dramatique. Il jouait au frisbee et se déplaçait en rollerskate. Il soignait son image de jeune homme moderne, élu «sexiest man alive» par le magazine People en 1988.

En 1995, on lui avait proposé le poste de rédacteur en chef d’un magazine, «George». Il écrivait des éditoriaux politiques avec pour seul crédit son statut de fils Kennedy, et personne ne le traitait d’imposteur. Sa cote de popularité ne fléchissait pas. Il réussissait toujours à séduire l’opinion. Quand, en 1996, il annonçait enfin son mariage, c’était avec une experte en relations publiques: Carolyn Bessette, responsable de la communication pour Calvin Klein, l’une des marques les plus cool du moment.

La vie de John Kennedy Junior était une histoire d’image et de mythe. Mieux encore que Ronald Reagan, il incarnait le pouvoir de droit médiatique. S’il avait convoité la présidence, il aurait fini par l’avoir.