TECHNOPHILE

…eBay…livres vs porno…iPod…tableau plasma…télémusique..

Toutes les informations technologiques qui comptent cette semaine: c’est l’hyper-revue de presse de Largeur.com.

Les Allemands vivent depuis quatre ans une passion sans partage pour eBay, le premier site de vente aux enchères devenu depuis un géant mondial du commerce électronique. «Aucun autre peuple au monde n’apprécie autant cette montée d’adrénaline lors des dernières minutes d’une belle enchère!» s’exclame la Frankfurter Allgemeine Zeitung, d’ordinaire peu portée sur le lyrisme. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes et réjouiraient en effet le plus austère des analystes: avec près de 12 millions d’inscrits dont les trois quarts ont enchéri au moins une fois dans l’année écoulée, les Allemands sont devenus les plus grands utilisateurs du site en dehors des Etats-Unis. La valeur cumulée de toutes les enchères publiées en 2002 sur eBay.de a atteint près de 1,26 milliards de dollars et pourrait bien doubler cette année. Lors des fêtes de Noël dernier, les envois de colis générés par ces enchères a représenté 17% du trafic de la vénérable Deutsche Post. En mai dernier, le magazine Stern avait déjà publié un étonnant reportage photo sur les milles et une affaires, sérieuses ou loufoques, que cet immense marché avait inspiré outre-rhin.

Plus de livres que de porno

Alors que les plaintes des éditeurs de musique pleuvent sur les internautes coupables de ne plus payer les tubes qu’ils téléchargent sur Kazaa, le vent a déjà tourné. La menace est maintenant aux portes de Hollywood. Une étude menée par une société québécoise démontre en effet que les mp3 ne représentent aujourd’hui plus que 13% des fichiers partagés illégalement. 46% des fichiers disponibles sont dorénavant de la vidéo (divx ou mpg) et 20% sont… des livres, loin devant la pornographie et les jeux.

Gourou content

Cette semaine, Time Magazine honore l’iTunes Music Store du titre envié d’invention « la plus cool de 2003 ». Le service de Apple, lancé en avril sur Mac et étendu depuis un mois aux usagers de PC, s’est attiré les faveurs du prestigieux magazine «grâce à son audacieuse tentative de trouver un terrain d’entente entre des maisons de disques arc-boutées sur leur trésor et une bande de pirates chantres du tout gratuit». Mais les affaires sont dures et les marges ridicules. Même avec un million de chansons vendues le premier jour, Apple ne retirerait qu’un centime de bénéfice par morceau. Pourquoi se donner autant de peine? «Parce qu’avec ce système, nous vendons toujours plus d’iPod, se félicite Steve Jobs, patron et gourou en chef d’Apple dans les colonnes de Time. Et là, plus de soucis: un balladeur numérique vendu 700 francs par Apple lui rapporterait près de 240 francs de bénéfice.

Tableau plasma

Pour la plupart d’entre nous, pendre un Picasso, Monet ou Renoir dans son salon restera un rêve inaccessible. Mais deux entreprises, Roku et RGB Labs, qui viennent de se lancer aux Etats-Unis proposent de transformer les grands écrans à Plasma en tableau de maître. Leur produit permet d’afficher des reproductions de tableaux et des projections d’art moderne. Le boîtier vendu par Roku coûte 500 dollars et se branche directement sur l’écran à Plasma. Lorsque le téléviseur ne fonctionne pas, il diffuse des œuvres d’art moderne, des animations informatiques, des paysages ou des tableaux de maître sur l’écran. Les œuvres sont stockées sur des cartes de mémoires flash qui sont vendues 70 dollars la pièce. L’usager peut donc les mettre à jour régulièrement ou s’offrir de nouvelles collections, en fonction de ses goûts. L’autre entreprise, RGB Labs, propose un système plus coûteux, à 3000 dollars, qui intègre en fait un PC sans écran. Les œuvres projetées peuvent être programmées en fonction des heures, de la saison ou du jour de la semaine. Cette idée avait déjà été exploitée par Bill Gates lui-même, qui a installé des tableaux virtuels dans sa maison de Seattle. Un élément qui était d’ailleurs relevé dans le film «Antitrust» dont le personnage principal s’inspirait du patron de Microsoft. Les deux sociétés américaines qui ont développé ce concept d’œuvre d’art pour écran se fournissent d’ailleurs chez Corbis, la plus grande base de données du monde d’images, détenue par Microsoft. La version bon marché de la même idée consiste à pirater les images sur Internet et à brancher un laptop quelconque sur sa télé pour les afficher. Mais c’est évidemment beaucoup moins chic…

Vieilles casseroles

Le public a tendance à surestimer l’impact des innovations technologiques à court terme et à les sous-estimer à long terme. C’est dans ce phénomène bien connu des historiens des sciences que réside l’intérêt des exemples cités par Bhaskar Chakravorti dans son dernier livre. En page 699, il cite un article du magazine Telephony daté du 18 décembre 1909 qui explique comment un nouveau service propose de «distribuer de la musique par le téléphone». Pour un montant de 18 dollars par an, explique l’article, les abonnés de la compagnie du téléphone du Delaware équipés d’un haut-parleur spécial pourront ainsi choisir leur musique préférée parmi un grand choix d’enregistrements phonographiques qu’un opérateur lancera pour eux depuis le central.