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Puretunes.com, toute la musique pour une thune

Habitué à voler sa musique sur les réseaux d’échange comme Kazaa, l’internaute audiophile pourrait bien ne pas y croire: une jeune société espagnole a dévoilé cette semaine une nouvelle offre, aussi séduisante que légale.

Basé à Madrid, Puretunes.com (prononcer piouretiounze) propose le téléchargement illimité de morceaux ou d’albums à un prix forfaitaire: huit heures de libre accès pour 5,20 francs suisses ou 13 francs pour le week end entier. Et cela en toute légalité.

«L’énorme succès des réseaux d’échange et des baladeurs MP3 prouve que les gens désirent pouvoir télécharger leur musique, a expliqué Javier Siguenza, président de Puretunes le jour de l’ouverture du site mardi dernier. Notre produit leur permet cela, sans limitations et en respectant le droit d’auteur.»

Lorsque Apple avait dévoilé fin avril son offre de vente de musique, son patron, Steve Jobs n’était pas peu fier d’avoir pu convaincre les cinq plus grands labels américains (BMG, EMI, Sony, Universal et Warner) de donner accès à leur catalogue pour 99 cents par morceau, soit l’équivalent de 1,30 francs suisses.

L’offre de Puretunes.com est cependant cent fois plus alléchante puisque l’internaute muni d’une bonne ligne peut théoriquement, en huit heures de libre accès, télécharger 400 chansons pour le prix de quatre sur l’iTunes Music Store d’Apple.

Propriété d’une société hollandaise, Puretunes.com bénéficie selon elle d’un passage équivoque de la loi hispanique sur les droits d’auteur. Celle-ci précise que si aucun accord n’est trouvé sur la rétribution de leurs ventes, les artistes et les maisons de disque doivent être payés «de manière égale».

Si Puretunes a effectivement passé un accord avec les deux associations espagnoles chargées de rétribuer les auteurs (SGAE et AIE), aucun arrangement n’a pu être trouvé avec les labels, généralement opposés à ce type de distribution en libre accès.

Les responsables du service promettent donc de reverser une part égale, mais tenue secrète, de leurs bénéfices aux auteurs et aux labels en contactant ces derniers un par un pour leur demander sur quel compte ils désirent être payés.

En fait, Puretunes.com n’est pas le premier à profiter de cette brèche dans la législation espagnole. Un autre site, Weblisten.com, également basé à Madrid, défie les labels depuis cinq ans en proposant de la musique en téléchargement pour un abonnement mensuel. Sous le coup de plusieurs procédures, Weblisten.com a récemment fait recours contre une décision le condamnant.

«Weblisten.com ne doit sa survie qu’aux procédures judiciaires espagnoles particulièrement lentes, assure Alan Dixon, président de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), dans le Los Angeles Times. Leur attitude consiste à dire: si vous ne voulez pas me vendre votre musique, je la vole. C’est absurde. On ne peut pas forcer les gens à faire des affaires contre leur volonté!»

La réaction des éditeurs ne se fera pas attendre, même si la lenteur des procédures peut faire espérer aux amateurs que Puretunes.com restera disponible encore quelques mois. Les majors américaines seraient déjà sur une piste pour limiter la portée du site madrilène: il utiliserait en effet des serveurs aux Etats-Unis pour distribuer ses énormes quantités de données vers l’Amérique du Nord. Ce qui risque de le faire tomber sous le coup du droit d’auteur américain, nettement moins complaisant.