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Smartvote vous dit pour qui vous devez voter

Ce service en ligne détecte les candidats au Parlement qui correspondent le mieux à vos opinions. Une première mondiale pour les élections fédérales de cet automne.

Les élections fédérales approchent et, comme d’habitude, vous ne savez pas pour qui vous allez voter. Smartvote.ch vous permettra, dès cet été, de détecter les candidats les plus proches de vos convictions. Il vous suffira de répondre en ligne à 70 questions sur les grands (et petits) enjeux politiques du moment. Le système, après avoir comparé votre grille à celles des candidats de votre canton, vous fournira un hit-parade des postulants les plus aptes à vous représenter à Berne.

Les initiateurs de Smartvote.ch ne sont apparemment pas effrayés par l’ampleur de l’opération. «Nous prévoyons qu’il y aura entre 2800 et 3000 candidats pour toute la Suisse», explique Bruno Jeitzinger, professeur titulaire en économie politique à l’Uni de Fribourg. «Il s’agit maintenant de les convaincre de participer au projet.»

La tâche s’annonce d’autant plus délicate que les candidats devront débourser 90 fr. pour figurer dans Smartvote. Ensuite, quand leur candidature aura été officialisée, ils recevront un mot de passe personnel («par la poste, pour éviter que le système soit piraté», précise Bruno Jeitzinger), qui leur permettra de se connecter au site sécurisé et de fournir leurs réponses aux 70 questions.

Dès juillet, l’électeur pourra cliquer à son tour sur les cases «oui» ou «non» et découvrir ses meilleurs poulains. Avec une réserve toutefois: les candidats qui ne se seront pas inscrits à Smartvote n’apparaîtront pas dans les résultats, et pourraient dès lors être défavorisés lors du scrutin. «Mais ce n’est pas grave, explique le politologue Daniel Schwarz, co-initiateur du projet. Car le prix d’inscription a été fixé très bas et ne constitue pas un obstacle. Il ne tient qu’aux candidats de s’inscrire pour faire connaître leurs vues.»

Le lancement de Smarvote fait figure de première mondiale et devrait flatter l’image de marque de la Suisse, tant sur le plan de la démocratie que sur celui de la précision technique. «Des expériences similaires, comme Wahl-O-Mat, avaient été lancées en Allemagne et en Autriche, mais elles ne prenaient en compte que les mots d’ordre des partis. Avec un système basé sur les candidats, Smartvote constitue une première», se réjouit Bruno Jeitzinger, qui avait déjà lancé Parlarating.ch lors des élections fédérales de 1999 – mais le système, alors, ne fonctionnait qu’avec les députés sortants, en fonction de leurs votes à l’Assemblée fédérale.

C’est en revenant des Etats-Unis, où il a travaillé, que Bruno Jeitzinger a eu l’idée de lancer de tels dispositifs d’assistance à l’élection. «Il y a des analogies entre les systèmes politiques suisse et américain: ici comme là-bas, les parlementaires ne votent pas selon les partis. C’est pour cela que les lobbies américains ont développé leurs ratings, qui permettent de vérifier si les élus votent bien selon leur ligne. Nous nous en sommes inspirés, avec une différence importante: les ratings fonctionnent après l’élection, Smartvote fonctionne avant.»

Pour l’éditorialiste Beat Kappeler, fin observateur de la scène fédérale, «ce dispositif repose sur une bonne idée, mais il accentue le problème du panachage, qui est inhérent au système politique suisse. L’importance des partis s’érode, ce qui débouche sur des majorités peu stables.»

Smartvote devrait cependant réduire le vote à la tête du client et peut-être l’avantage naturel des candidats sortants. «Nous voulons optimiser la représentativité du Parlement», explique simplement Bruno Jeitzinger. Avec, à l’horizon, la possibilité d’une interface avec un vrai système de vote électronique. «C’est évidemment notre but, mais il y a encore beaucoup d’obstacles, notamment au niveau du gouvernement.»