TECHNOPHILE

Comment téléphoner moins cher avec son mobile

Des cartes à prépaiement, disponibles dans les kiosques, facturent 20 centimes par minute les appels depuis un portable, soit jusqu’à quatre fois moins cher que Swisscom. Gabriel Sigrist raconte comment ça marche.

Je viens de recevoir ma facture de Swisscom pour mon téléphone portable. Pas de quoi frémir: le montant s’élève à SFr 25.- à peine, TVA comprise, malgré plusieurs heures de causerie mensuelle. Abonné au Natel Swiss, j’utilise passablement mon cellulaire dans mon travail mais aussi pour appeler mes proches, ne serait-ce que pour profiter du soleil en passant des coups de fil depuis les terrasses.

Je téléphone beaucoup, mais je paie peu. Evidemment, il y a un truc: il se trouve dans le bureau de tabac le plus proche. Il s’agit d’une carte à prépaiement. Actuellement, la plus avantageuse du marché s’appelle Connector. On la trouve dans la plupart des kiosques pour 30 francs. Sur cette carte sont affichés un code personnel et un numéro vert de type 0800. Pour l’utiliser, il suffit de composer ce numéro gratuit et d’introduire le code avant d’effectuer un appel. Cette procédure peut s’automatiser avec la plupart des appareils mobiles (la carte est vendue avec un bref mode d’emploi pour chaque marque). Le montant de la carte est débité au fur et à mesure de l’utilisation. Une voix électronique précise, lors de chaque appel, le temps de communication encore disponible. Lorsque le crédit est épuisé, il suffit de racheter une nouvelle carte dans le kiosque le plus proche.

En passant par Connector, les conversations vers une ligne fixe en Suisse sont facturées 20 centimes par minute. Une économie considérable par rapport aux tarifs de Swisscom: avec l’abonnement Natel Swiss, les appels coûtent 79 centimes par minute en tarif normal, soit près de 4 fois plus qu’au moyen de la carte Connector. L’usager y gagne par rapport à l’ensemble des abonnements Natel de Swisscom, y compris la carte Easy et les nouvelles formules Business et Private.

Le cocktail téléphonique le plus avantageux reste ainsi le traditionnel Natel Swiss (ou International pour les voyageurs) accompagné de cette carte Connector pour l’ensemble des appels, aussi vers l’étranger.

Derrière Connector se cache une petite société valaisanne dirigée par Jean-Luc Seyer. Pour obtenir des tarifs aussi avantageux, ce jeune entrepreneur passe par un réseau de revendeurs internationaux qui ont eux-mêmes conclu des accords avec Swisscom. Seyer leur rachète des minutes de conversation en gros et bénéficie ainsi de prix préférentiels.

Malgré l’arrivée de la concurrence sur le marché du mobile en décembre dernier, les prix de Swisscom n’ont toujours pas baissé. Actuellement, outre les cartes à prépaiement comme Connector, seul l’opérateur Diax propose une alternative à Swisscom. En juin, la compagnie britannique Orange proposera elle aussi ses services en Suisse. Mais dans un premier temps, ces nouveaux venus doivent développer leurs réseaux afin d’en maximiser la couverture, ce qui prend du temps. Les antennes de Diax ne couvrent pour l’instant qu’une partie – certes en augmentation rapide – du territoire.

Vous ne pouvez toujours pas utiliser votre cellulaire Diax depuis les vallons du Jura bernois. Il faudra encore plusieurs mois jusqu’à ce que ce réseau puisse offrir une densité de couverture équivalente à celle de Swisscom. L’opérateur national le sait bien et continue donc d’exploiter tranquillement le filon (il compte plus de 1,6 millions d’abonnés au téléphone mobile, soit un citoyen sur quatre) en maintenant ses prix élevés.

Entre les réseaux suisses de téléphonie mobile, la véritable bataille des prix et des services ne commencera que plus tard, probablement l’an prochain, lorsque les trois opérateurs bénéficiant d’une concession auront mis en place des infrastructures équivalentes. C’est à ce moment-là seulement que les choses deviendront intéressantes pour le consommateur. Dans l’intervalle, avec ma carte à prépaiement, je patiente sans problème.

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Gabriel Sigrist utilise tous les moyens de communication disponibles sur le marché mais ne parvient pas à se séparer de son vieux Nokia 3110.