Les chaînes exploitent une nouvelle source de revenus grâce aux émissions et aux jeux interactifs qui s’appuient sur la messagerie mobile. Le Teletext s’y met aussi.
En une année, les téléspectateurs français ont envoyé 22,3 millions de SMS à la chaîne M6, ce qui a généré un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros, estime le cabinet d’études MMXI. Pas étonnant que les télévisions s’intéressent de plus en plus à ce moyen de faire participer le public. Car, en plus, les shows interactifs fidélisent l’audience.
Le SMS permet au spectateur de donner son avis, de transmettre des messages personnels, de répondre à des concours, de faire des paris, de commander des films à la demande ou de voter.
Non seulement le public se montre incroyablement réceptif, mais ces nouvelles formules engendrent des profits intéressants. Depuis peu, les opérateurs commercialisent des SMS surtaxés, c’est-à-dire que l’envoi est facturé plus cher que le montant usuel. L’opérateur et son client (la chaîne de TV) se répartissent ensuite la surtaxe (qui va de 50 centimes à quelques francs).
Ces concepts interactifs fonctionnent particulièrement bien auprès du jeune public. En 2001, la chaîne musicale MTV a ainsi suscité 25 000 messages dans le cadre de l’émission Videoclash, où les spectateurs choisissent les clips et envoient des SMS qui défileront au bas de l’écran.
Le concept se développe dans toute l’Europe. En Angleterre, le concours télévisé permettant de tester son quotient intellectuel a récemment suscité 80 000 messages. En Allemagne, lors de la diffusion de Jede Sekunde zählt (Chaque seconde compte), les téléspectateurs étaient invités à désigner par SMS le vainqueur du concours: 1,2 million de messages ont été envoyés en trente minutes. En Grande-Bretagne, la deuxième saison de Big Brother a généré 3,5 millions de messages pour éliminer les candidats de ce reality-show.
En Suisse, à moindre échelle, la chaîne alémanique Tele24 a aussi profité de l’engouement pour le SMS avec son jeu Ich liebe dich, diffusé l’an dernier en partenariat avec Swisscom Mobile et Nokia. Cette émission proposait des clips vidéo de célibataires, que les spectateurs pouvaient contacter par SMS et éventuellement rencontrer.
Même le bon vieux service Teletext entend surfer sur la tendance.
Au Pays-Bas, la chaîne SBS propose un véritable chat, où la grande attraction consiste à voir défiler son propre texte, facturé 35 centimes à l’envoi. Une passerelle permet aussi de recevoir les messages des autres participants, sans avoir besoin de mentionner son numéro.
En Suisse, la chaîne alémanique SF2 a lancé son système de chat il y a quelques mois, à la page 880 du Teletext. «Nous allons lancer une plate-forme similaire sur la TSR dans les prochaines semaines», dévoile Reto Zenger de SwissTXT. Pour faciliter l’usage de ce genre de services télévisés, la société Wireless Ocean vient de développer une console qui permet d’envoyer et de recevoir ses SMS directement sur l’écran de son téléviseur. Le dispositif interroge en permanence le téléphone pour diffuser sur l’écran TV les messages dès leur arrivée, qui se consultent en zappant avec sa télécommande.
Le cinéma s’exporte sur téléphon
Au Japon, les opérateurs mobiles, NTT DoCoMo et KDDI offrent déjà à leurs abonnés des extraits de films sur les mobiles. Avec l’arrivée des écrans couleur, les grands studios américains se préparent à lancer les extraits des derniers films pour les appareils de la troisième génération. Selon TheFeature.com, les studios hollywoodiens ont déjà mis en place des divisions «marketing mobile» à cet effet. Visionner un lancement de film sur son téléphone sera payant et les opérateurs comptent bien en faire un juteux business.
En attendant le déploiement des réseaux à haut débit, les studios commercialisent des logos, des économiseurs d’écran, des sonneries, des jeux et des étuis. En février, le Club Nokia annonçait un accord conclu avec Universal Studios pour diffuser du contenu mobile provenant d’une centaine de films de leur catalogue, comme la trilogie de Jurassic Park, La momie et Retour vers le futur. Nokia avait déjà conclu un accord similaire l’an dernier avec la 20th Century Fox pour promouvoir La planète des singes.
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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 20 octobre 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
