Cette année, la Smart arrive en onzième place des modèles les plus vendus en Suisse, devant ses concurrentes Fiat Punto (13e) et Toyota Yaris (19e). En Europe, le succès du petit véhicule imaginé par Nicolas Hayek dépasse de loin les espérances du groupe DaimlerChrysler.
L’an dernier, les revenus générés par la Smart ont dépassé le milliard de dollars, dopés par le lancement du modèle cabrio. Dans la première moitié de 2002, les ventes ont continué de croître de 6%, malgré un recul de 5% du marché global de l’automobile. «Nous atteindrons l’équilibre financier en 2004 comme prévu, se réjouit Hubert Kogel, porte-parole de Smart à Stuttgart. Nous avons écoulé 114000 véhicules en 2001, et plus de 93000 de janvier à septembre 2002. C’est en Suisse et en Allemagne que nous avons les meilleures parts de marché.»
Les revendeurs se frottent les mains: «Nous n’aurions jamais imaginé en écouler autant et nous avons dégagé d’excellents bénéfices, dit François Loeb, patron du groupe éponyme qui est aussi le deuxième plus gros distributeur de Smart en Suisse. C’est un immense succès: la Smart est devenue une vraie alternative en matière de mobilité urbaine pour les particuliers comme les entreprises.»
Outre François Loeb et tous les cadres de son entreprise, de nombreux groupes ont opté pour la Smart, comme Swisscom, qui a ainsi réalisé des économies importantes en matière de places de parc. «Le nouveau phénomène, ce sont les occasions qui se vendent très bien et à très bon prix: le ratio de revente est aussi haut que pour une Mercedes», poursuit François Loeb.
Smart, qui s’exporte déjà au Japon et à Taiwan, envisage désormais d’attaquer le marché américain, réputé difficile pour les petites voitures. «La décision n’est pas encore prise, mais nos études de marché montrent un fort intérêt dans les grandes villes», avance Hubert Kogel.
Chez Smart, on aime dire qu’il s’agit d’un vrai véhicule européen: commercialisé par des Allemands et fabriqué en France. On évoque rarement le fait qu’il s’agit d’une idée helvétique depuis que Swatch Group s’est complètement retiré du projet en 1998 (lire ci-dessous). Aujourd’hui, l’horloger suisse ne désire plus évoquer le sujet. «Monsieur Hayek pense que c’est une bonne voiture, mais il n’en parle plus publiquement», dit seulement son attachée de presse.
Pour l’avenir, Smart mise beaucoup sur son nouveau Roadster, un modèle sport audacieux qui sera sur le marché dès avril 2003. Cent millions d’euros ont été investis dans la fabrique en Lorraine pour assurer la production de ce nouveau véhicule.
Cette nouvelle Smart se décline en deux versions: un cabriolet d’abord, l’autre muni d’un «hard top» amovible. Le constructeur promet des performances intéressantes pour ce véhicule. Son moteur trois cylindres de 700 cc développe 82 chevaux, propulse l’engin de 815 kg à 175 km/h en vitesse de pointe et atteint les 100 km/h en 11,2 secondes, ce qui n’a plus grand-chose à voir avec la citadine précédente, poussive, bruyante et mal à l’aise en dehors des villes. La Roadster reste un véhicule écologique et maintient une consommation moyenne de 5,5 l/100 km, affirme Smart. Le groupe doit en vendre 8000 à 10 000 par année pour la rentabiliser.
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CHRONOLOGIE
Début 1990 Coup d’envoi du développement de la «Swatchmobile». En collaboration avec l’école d’ingénieurs de Bienne et SMH.
Eté 1991 SMH et Volkswagen annoncent la création de SMH-Volkswagen S.A.
Janvier 1993: Volkswagen se désengage du projet.
Mars 1994: Mercedes-Benz annonce la création d’une société commune avec SMH sous le nom de Micro Compact Car (MCC). La coentreprise est détenue à 51 % par le groupe allemand et 49% par le groupe horloger suisse.
Décembre 1995: Mercedes annonce la production en série de la Swatchmobile sur le site de Hambach (Lorraine).
Mai 1995: la petite voiture prend le nom de «Smart Swatch Car». Elle est annoncée pour début 1998.
Septembre 1997: SMH ramène sa participation dans MCC de 49% à 19%. Le véhicule sera baptisé simplement «Smart».
Octobre 1997: inauguration du site lorrain.
18 Décembre 1997: la Smart rate le test de l’élan (déstabiliser le véhicule en deux coups de volants successifs). Le lancement est repoussé de six mois.
Octobre 1998: la Smart est mise en vente en Europe. MCC a renforcé la sécurité en abaissant le châssis et en ajoutant un système électronique de stabilisation ESP.
Novembre 1998: les ventes restent timides. Swatch cède au constructeur allemand sa participation de 19%.
Octobre 2002: 411’000 Smart circulent dans le monde. Succès commercial.
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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 20 octobre 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
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