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La difficile reconstruction économique des Balkans

Comment mettre en place de nouvelles structures économiques au Kosovo? Le Wall Street Journal et la Süddeutsche Zeitung énumèrent les problèmes.

Alors que les premières images des soldats occidentaux entrant en ordre dispersé au Kosovo font place à l’évaluation des dégats, il devient clair que la reconstruction des Balkans sera une tâche de longue haleine.

L’exemple de la Bosnie est à ce titre éloquent. Le Wall Street Journal raconte l’expérience de Volkswagen, dont l’usine basée dans la banlieue de Sarajevo avait recommencé à produire des véhicules en 1996, après quatre ans d’interruption.

Malgré son apparence d’«oasis d’efficacité germanique», la filiale de VW peine encore à émerger des ruines de la guerre. En Bosnie, les bâtiments sont délabrés, les routes impraticables et le réseau téléphonique hors d’usage.

L’usine de Sarajevo ne fait toujours qu’assembler des pièces importées. Le nombre de voitures produites, des Skoda Felicia, est «ridicule», admet Udo Stolz, responsable de VW dans le pays.

L’expérience du constructeur automobile en Bosnie est unique. Même les investisseurs traditionnellement rapides, tels McDonald, n’ont pas passé le cap des discussions préparatoires.

Le Kosovo constitue un marché encore plus difficile, sans parler de la Serbie elle-même: sa population est plus faible (2.5 millions contre 3.5) et plus pauvre que celle de la Bosnie. La Féderation yougoslave est restée largement intouchée par les réforme économiques en cours dans les pays de l’Est depuis une dizaine d’année.

La structure économique du Kosovo est particulièrement archaïque. La population d’origine albanaise boycotte les banques, qui sont contrôlées par des Serbes, et s’organise selon une économie souterraine, alimentée par la diaspora.

Selon la Süddeutsche Zeitung, c’est près d’un milliard de DM qui quitte l’Allemagne chaque année par ces réseaux, sous le couvert d’agences de voyages bidons. «Nous ne pouvons que gratter la surface», admet Michael Findeisen, responsable de l’autorité allemande de surveillance du crédit.

Il est très difficile de déterminer comment s’organise ce transfert de fonds. S’il offre la meilleure couverture pour le blanchiment de revenus mafieux, il constitue aussi le seul moyen pour les familles de faire parvenir de l’argent à leur proches au pays.

Près de 400 millions de DM cash ont été saisis dernièrement sur un passeur à la frontière allemande. Impossible de faire la part entre l’argent destiné à l’achat d’armes – qu’il provienne du traffic de drogue ou de l’impôt de guerre – et celui distribué aux familles des expatriés.

Il s’agit dès lors pour les autorités allemandes de «rediriger» le traffic vers le système bancaire officiel, tout en «expulsant les moutons noirs du marché». Reste à savoir par quels moyens, et si l’économie kosovar y trouvera son compte.