«Cet endroit est conçu comme un seul grand espace qui sert à la fois de galerie, de studio, de bureau, de salle de conférence, de cafétéria et de salon.» D’un geste, Alexandre Baechler présente le loft gigantesque où se trouve Amata, la société qu’il a fondée avec un autre artiste, Marc Huri.
Amata est à l’affiche du Paléo Festival de Nyon, mercredi prochain 24 juillet dès 17h30, pour un spectacle multisensoriel. Marc et Alex accompagneront visuellement les DJs qui mixeront sous la «Club Tent», autant en improvisant qu’en rejouant en temps réel des vidéos préenregistrées.
En quelques années, les deux genevois ont réussi à imposer leurs créations audio-visuelles sur la scène suisse et internationale. Depuis son retour à Genève l’an dernier, Alex a projeté ses œuvres à différentes occasions, notamment lors du Festival de la Bâtie ou du défilé Plateform. Il a par ailleurs travaillé sur la scénographie de la Comédie de Genève et prépare un fond visuel pour la prochaine saison théâtrale, plus spécifiquement une pièce de Howard Barker. «J’avais déjà réalisé un court métrage basé sur un texte de Barker il y a quelques années», dit-il. Par ailleurs, Alex prépare le décor vidéo d’une représentation de Shakespeare à Aubonne prévue pour cet automne.
Artistes électroniques, Alex et Marc ressemblent à des grands enfants avec leurs têtes aux boucles rebelles et leur curiosité jamais satisfaite. C’est d’ailleurs «hauts comme ça» qu’ils se sont connus, à Genève, avant de se retrouver en tant qu’étudiants à New York. Mais leur collaboration s’est vraiment scellée lorsqu’ils ont déniché l’endroit de rêve pour leur expression artistique, à Genève, à la rue d’Amat. D’où Amata, le nom de leur compagnie. «On cherchait désespérément un espace, Marc à Paris et moi à New York, explique Alex. C’est finalement ici qu’on l’a trouvé, et on a décidé de se rapatrier. Nous nous sentons plus new-yorkais qu’autre chose, mais nous aimons finalement bien Genève.»
Flashback. Alex a suivi une formation de photographe avant d’entrer à la faculté de cinéma à l’Université de Boston. Il travaille comme assistant de régie sur des courts et longs métrages, puis s’inscrit pour un master en «Computer art» à la School of Visual Arts de New York. «J’ai commencé par l’image, puis l’image en mouvement, et ensuite l’image en mouvement dans l’image, grâce à l’ordinateur», résume-t-il.
Durant deux ans, il travaille sur un projet d’art interactif. Afin de payer ses études, il crée et contribue à d’autres projets d’art visuel et ouvre un studio, nommé Ata, dans le quartier des galeries de Chelsea et qui existe toujours à New York. Alex approfondit sa recherche artistique de l’image et utilise l’informatique pour transformer des vidéos, parfois utilisées pour des performances live.
Son collègue Marc aligne aussi les projets. Ayant à la base une formation musicale, il développe son talent de compositeur, comme support à l’art visuel ou en créant des bases sonores et des musiques de pub électroniques. C’est à New York qu’il se plonge dans l’univers audiovisuel en étudiant à la célèbre Tisch School of the Arts.
Après un détour par Paris, il revient s’installer à Genève. Penché sur son Macintosh, il monte notamment les illustrations sonores des créations visuelles de son comparse. Les nappes électroniques qui sortent de sa machine réchauffent l’ambiance industrielle du loft.
Leur loft sert aussi de lieu d’exposition car Amata entend aussi promouvoir les artistes en organisant notamment régulièrement des soirées vernissage ouvertes au public. Cet endroit brut et anguleux, monochrome, habité par des réalisations artistiques éphémères, était désert avant leur arrivée, malgré sa situation de rêve en plein quartier des Pâquis. Depuis, c’est un atelier foisonnant de bruits et d’images.
Création live au Paléo
Il y a deux ans, au Paléo Festival de Nyon, Amata a présenté une performance musico-visuelle avec Marc aux platines et Alex qui lui répondait par images vidéo. Cette année, ils sont de retour pour un spectacle en duo et synchronisé.
Ils produiront des images qui, comme toile de fond, sublimeront visuellement la musique des DJ’s invités sous la «Club Tent» le mercredi 24 juillet. Ensemble, ils improviseront selon le rythme de la musique jouée ou projetteront des vidéos, en s’accordant toujours au son et à l’atmosphère du lieu.
Ils travailleront également en disposant des caméras qui filmeront le spectacle en direct sur la scène, puis en intégrant les images dans la projection.
Le résultat doit relier visuellement l’audience, les musiciens et Amata. Le défi pour une telle performance est surtout technique. «C’est là que les imprévus surgissent toujours, sourit Alex Il faut savoir gérer et prévoir les faux pas électroniques en direct. C’est un gros effort autant en amont que sur scène.»
——–
Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 14 juillet 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
Retrouvez Largeur.com chaque semaine dans la page Néoculture de
![]()