Vendredi, 200 soldats russes provoquaient la stupeur des Occidentaux en pénétrant subitement sur le territoire kosovar. La presse internationale révélait lundi les dessous de l’opération. Résumé.
Entre samedi et dimanche, les milliers de soldats des armées française, allemande et britannique sont entrés au Kosovo, rejoignant Pristina sous les applaudissements de la population albanaise.
Ils n’étaient pas les premiers à déclencher la liesse populaire: les soldats russes, devançant de quelques heures leurs alliés occidentaux, avaient déja établis leurs quartiers sur l’aéroport, à l’endroit même où le commandant de la Kfor, Mike Jackson, prévoyait d’établir son propre quartier général.
Coup de génie que cette fuite en avant de quelque deux cents soldats russes: l’opération a replacé la Russie au devant de la scène, notamment diplomatique, en lui permettant de réaffirmer son rang de puissance militaire. Mais qui a bien pu donner l’ordre de marche?
La presse internationale dévoilait lundi les dessous de cette opération-surprise. Apparemment, ni le premier ministre, ni le chef des services secrets russes n’était au courant. Le ministre des affaires étrangères Igor Ivanov aurait lui-même été mis devant le fait accompli, apprenant la nouvelle alors qu’il négociait le rôle de son pays au sein de la force de paix avec l’Américain Strobe Talbot.
Réunion de crise au Kremlin samedi matin: une brochette de ministres se grattent le crâne et tentent d’y comprendre quelque chose. Ce n’est que dans l’après-midi que les indices se précisent: le ministère de la défense finit par révéler que l’ordre serait venu «du plus haut niveau».
Quelques heures plus tard, ce «plus haut niveau» entrait en scène: Boris Eltsine apparaissait, visiblement de bonne humeur, pour annoncer l’élévation au grade de commandant général de Victor Savarsin, responsable des troupes entrées au Kosovo depuis la Bosnie.
Comme on pouvait s’y attendre, l’initative du président a été bien accueillie en Russie, notamment au sein de l’armée, qui compte obtenir la responsabilité d’une partie du territoire kosovar. Reste à savoir si l’OTAN acceptera les exigences de Moscou.
«Il est important que nous ne laissions pas nos frères (serbes) seuls face à la machine de guerre de l’OTAN», a déclaré le président du parti communiste Guennadi Ziuganov.
