Les internautes sont toujours plus nombreux à utiliser le réseau pour faire des rencontres, avec succès. Mais comment s’y prennent-ils? Témoignages et conseils.
A l’heure où l’on compte les survivants du crash de la nouvelle économie, un secteur connaît une croissance fulgurante sur internet: les rencontres en ligne. Aux Etats-Unis comme en Asie et en Europe, les sites de «matchmaking» – qui sont rapidement devenus payants – augmentent leur chiffre d’affaires.
Match.com, numéro un du secteur, annonçait en avril 195% d’abonnés de plus par rapport à l’an dernier. Ce n’est donc pas un hasard si tous les portals (MSN, Yahoo, Bluewin, etc.) ont mis en place des sections «rencontre». Mais comment se passe le cyberamour? Trois adeptes racontent.
«Rendez-vous sous l’Arc de Triomphe»
Julien, 28 ans, travaille dans la vente pour une société d’articles de sport. Social, sportif et élégant, il rompt avec le cliché de l’internaute au teint jaune pâle et T-Shirt froissés. Il raconte: «J’ai toujours aimé les forums de discussion en ligne. Je m’étais branché à celui d’AOL comme à de nombreux autres.
Je suis entré dans la section multilingue – baptisée «International» – en lançant un «Hello de Genève (Suisse)» à la cantonade, comme il est d’usage. Jessica, qui avait envie de parler français, m’a tout de suite répondu. Elle habitait à Saint Martin, une île des Caraïbes que se partagent la France et la Hollande. Pas vraiment la porte à côté. Elle s’y ennuyait au soleil, en travaillant dans un bureau de change.
Nous avons pris l’habitude d’entrer en contact quotidiennement sur la messagerie. Régulièrement, je restais au bureau pendant des heures pour poursuivre les discussions. Son parcours défiait l’imagination: russe d’origine, Jessica avait émigré en Israël après son mariage avec un juif. Remarquée par un agent dans une boîte, elle avait été engagée par une agence de top model qui l’a propulsée dans une carrière internationale. Divorce, émigration en France, puis dans les îles.
Après un mois de dialogues de plus en plus personnels et des échanges de photos, nous avions très envie d’aller plus loin. On s’appelait au téléphone, on s’envoyait des cadeaux (disques, fleurs commandés sur le Net). On s’est retrouvé à Paris par un beau week-end d’été: rendez-vous sous l’Arc de Triomphe. J’avais booké un hôtel sur les Champs. On s’est raconté nos vies en marchant dans la ville. Le rapprochement physique semblait naturel. On ne voulait plus se quitter. J’ai dit au bureau que j’étais malade et elle a repoussé son vol au lundi. On a fixé des vacances en Italie 15 jours plus tard et on a passé un merveilleux été…»
«Il ne faisait pas de faute d’orthographe»
Avec son look d’ado, on n’imagine pas Magali en mère de famille. Cette yverdonnoise de 30 ans élève pourtant seule un petit bonhomme de 18 mois. «En plus, je travaille beaucoup: je n’ai plus le temps de sortir, résume-t-elle. Sur les conseils d’une amie, je me suis inscrit sur trois sites: rencontres2000.com, Swissfriends.ch et Caramail.com. J’ai mis la vérité sur mon profil, au risque de faire fuir les hommes de mon âge à cause de mon gosse.
J’ai reçu pas mal de réponses, dont une d’un écrivain parisien de 45 ans. C’était le seul qui écrivait bien et ne faisait pas de fautes d’orthographe. C’est ce qui m’a poussé à poursuivre la discussion. On s’échangeait plusieurs mails par jour, puis des coups de fil et des photos (sans qu’il précise qu’il s’agissait de clichés de lui pris 10 ans plus tôt).
Un vendredi, il est venu m’attendre à la sortie du boulot, sur la terrasse du café du coin. Il m’a semblé évident de lui sauter au cou! On a passé un magnifique week-end. Une semaine plus tard, je suis allé le retrouver à Paris. C’est là que j’ai perçu les premiers problèmes. Il me faisait des commentaires sur ma tenue, mon comportement dans les dîners avec ses amis. Finalement, il y avait un décalage de génération et d’attentes.
Je pense que les agences en ligne s’apparentent aux rencontres dans les boîtes, mais au lieu du physique, c’est une autre sorte de mise en avant. On ne sait pas bien qui est derrière un profil et tout le monde ment naturellement un petit peu. Je reste convaincue qu’une soirée chez des amis est le meilleur moyen de faire des rencontres concluantes car on est forcé de garder un minimum de sincérité devant ses proches. Je continue de répondre à des annonces en ligne, mais je n’en attends plus grand chose.»
«J’adore l’exotisme de cette relation»
Cadre dans une société de consulting, Paul approche de la trentaine en accumulant les conquêtes. Depuis quelques semaines, il chasse aussi online. «C’est sur les pistes de ski que j’ai entendu parlé de OneAndOnly.com. J’avais rencontré un groupe d’Anglais dans la file du téléphérique et un des skieurs avait rendez-vous au bistrot avec une Française rencontrée par ce site.La fille, trentenaire, m’avait impressionnée: sportive, dynamique, sociale et vraiment jolie. Je n’imaginais pas que des filles pareilles avaient besoin du Net pour faire des rencontres!
A peine rentré, je me suis inscrit sur ce même site, malgré les frais d’inscription qui me semblaient élevés (30 dollars pour un mois). J’ai répondu à quelques annonces et ai commencé à enchaîner les rendez-vous. Comme le site est anglophone, on y rencontre pas mal d’étudiants étrangers, de fonctionnaires internationaux ou d’employés de multinationales. Certains se connaissent depuis longtemps par le site et se retrouvent en équipe pour des activités: ski, balades, concerts, etc.
Après quelques échanges de mails et une rencontre avec d’autres cyberamis, je suis parti en week-end avec une jeune asiatique de Hong-Kong, étudiante à l’école hôtelière de Lausanne. J’ai rarement l’occasion de découvrir d’autres cultures dans mon quotidien et j’adore l’exotisme de cette relation. Au début, j’assumais à moitié devant mes amis le fait qu’on s’était rencontré en ligne. Il y a un côté «marché aux bestiaux» qui jette un malaise. Je disais qu’on s’était croisé à une fête. Mais il ne se passe pas une semaine sans que j’entende une histoire de rencontres sur Internet. Y compris parmi mes amis! Du coup, j’en parle plus facilement. Dans quelques temps, cela deviendra complètement naturel.»
Quelques conseils
Il y a quelques années, les sites de matchmaking rassemblaient peu d’internautes. On y trouvait essentiellement des annonces d’informaticiens pâles à lunettes à la recherche d’hypothétiques amours faciles. Mais heureusement le Net a bien changé: le cercle des internautes s’est élargi, diversifié, féminisé. Du coup, les sites de rencontre se sont popularisés.
Les sites communautaires les plus connus comme MSN.ch, Bluewin.ch ou Caramail.com, ont tous ouverts avec succès des sections «rencontres», ou «romance».
Il existe aussi des sites spécialisés comme rencontres2000.com ou SwissFriends.ch. Les géants américains comme Match.com, OneAndOnly.com ou FriendFinder.com, ont depuis longtemps exporté leur modèle dans le monde entier.
Par exemple, FriendFinder vient d’ouvrir sa section francophone à l’adresse FrenchFriendFinder.com. Tous les sites généralistes permettent de sélectionner l’orientation sexuelle, mais il existe aussi des sites gay spécialisés comme Outpersonals.com. Les sites de rencontre sont pour la plupart devenus payants. Sur MSN.ch, il faut par exemple payer 7 francs pour chaque message envoyé à un autre membre. Les autres systèmes fonctionnent généralement avec des abonnements mensuels.
Sur les sites de rencontre classiques, on peut sélectionner les annonces par région, âge, et parfois selon les caractéristiques physiques: taille, silhouette, couleur des yeux, etc. Certaines plate-forme vont très loin et proposent des tests poussés afin de sélectionner au mieux les candidats. Ils analysent les goûts vestimentaires, alimentaires, et même les horoscopes. C’est l’étape visuelle qui se révèle cependant décisive avant la première rencontre physique. Pour éviter les mauvaises surprises, il est recommandé d’exiger un échange de photos avant de faire rendez-vous avec un ou une internaute inconnu(e) au café du coin. Et de ne pas s’y précipiter après deux échanges de mails…
