Genève deviendra-t-elle synonyme de «société de l’information», tout comme les noms de Rio et Kyoto évoquent désormais les enjeux liés à l’environnement? On le saura en décembre 2003. Pendant trois jours, les autorités genevoises recevront des représentants de la plupart des pays, ainsi que du secteur privé et de la société civile, pour discuter de la fracture numérique et, si possible, trouver des moyens de la réduire.
Le Sommet mondial pour la société de l’information (SMSI ou en anglais WSIS) tentera d’élaborer un plan d’action pour rendre l’accès à la connaissance un peu plus égalitaire.
Il ne s’agira pas d’une conférence technique du type Telecom mais d’une convention à grande échelle où l’on discutera des implications humaines et sociales des nouvelles technologies. C’est l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui a décidé en juin dernier d’attribuer aux villes de Genève (en 2003) et de Tunis (en 2005) la tenue des deux volets du Sommet.
L’événement a été jugé suffisamment important par le Conseil fédéral pour qu’il dépêche tout exprès l’un de ses ambassadeurs, Daniel Stauffacher, qui a pour mission d’assurer les contacts entre les différents acteurs avant et pendant la réunion. «La Confédération a débloqué un budget de 10 millions, et le canton de Genève d’environ 5 millions, pour la tenue de ce Sommet, explique-t-il. Il s’agira en décembre 2003 de trouver les moyens qui permettront à chacun de bénéficier des nouvelles technologies de l’information. Réduire le fossé numérique entre le Nord et le Sud mais aussi à l’intérieur même des sociétés développées.»
Vaste programme, qui devrait être rendu plus concret lors des réunions préparatoires prévues pour les mois à venir – la première aura lieu la semaine prochaine à Bamako.
Selon Pierre Gagné, directeur exécutif du Sommet, la question prioritaire du SMSI devra concerner le manque d’infrastructure dans les pays les moins avancés. «Comment établir le cadre juridique et légal permettant les investissements du secteur privé? C’est actuellement un très gros problème. Il s’agit de fournir une assistance aux gouvernements pour qu’ils établissent un tel cadre réglementaire. Nous pourrons évaluer deux ans plus tard à Tunis le succès ou non d’un tel programme, et prendre les mesures correctives nécessaires.»
On peut aussi se demander si ces cadres réglementaires suffiront à stimuler les investissements – en d’autres termes si les multinationales s’engageront réellement dans le processus de Genève. «J’en suis convaincu, dit Pierre Gagné. Ce Sommet représente un intérêt tout particulier pour elles. Les entreprises se rendent compte qu’elles pourront par ce biais accéder à de nouveaux marchés.»
Les mouvements antimondialisation vont-ils dès lors défiler sur la place des Nations comme ils l’avaient fait lors de la Conférence de l’OMC à l’été 1998? «Nous voulons au contraire qu’ils participent aux débats, répond Pierre Gagné. Nous avons mis en place une structure pour que la société civile soit représentée.»
Les organisateurs du Sommet tiennent à ce que tous les acteurs puissent y prendre la parole. Et au cas où certains pays n’auraient pas les moyens d’envoyer des messagers à Genève, «il y aura des bourses accessibles aux 49 pays les moins avancés», promet le directeur exécutif.
——–
Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 26 mai 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
Retrouvez Largeur.com chaque semaine dans la page Néoculture de
![]()