Dimanche soir, la première chaîne de France diffusait le film le plus ambitieux de Steven Spielberg: «La liste de Schindler». Mais c’est un petit reportage sur la prostitution diffusé par M6 qui a obtenu la meilleure audience ce soir-là.
Contrairement à 6,5 millions de téléspectateurs français, je n’ai pas regardé Zone interdite dimanche soir sur M6. Autant dire que je me suis senti très minorisé le lendemain dans le bus: tout le monde parlait de «Sexe sur la ville: l’envers du décor».
Ce reportage a permis à «la petite chaîne qui n’en finit pas de monter» de battre pour la première fois de son histoire le film du dimanche soir de TF1: «La liste de Schindler» de Steven Spielberg n’a rassemblé que 4,7 millions de personnes, une paille pour un dimanche.
Que pouvait-on voir dans ce reportage de Zone interdite? «Des travelos de la filière équatorienne faire le tapin dans les allées du bois de Boulogne, ai-je plus ou moins compris grâce aux usagers des transports publics. Gros nichons, bouches pulpeuses, etc.»
Comme toutes les autres chaînes, M6 n’a pas attendu cette semaine pour cartonner avec du sexe-info ou du sexe-divertissement. Depuis sa création, elle programme d’ailleurs un film érotique chaque dimanche soir en troisième partie de soirée (le dernier s’intitulait «Education perverse»).
Quand j’avais 20 ans, ma compagne était une fidèle de ce rendez-vous mièvre et vaguement sexy de M6, qui me facilitait généralement la tâche pour la suite de la soirée. J’en ai conclu que, contrairement au porno plus hard des chaînes cryptées, ce genre de fiction plaît aussi aux femmes.
Mais revenons au succès de Zone interdite. Il s’explique sans doute par la mention «Accord parental souhaitable», inscrite au programme et au générique, accompagnée d’un rond rouge, successeur façon CSA du bon vieux carré blanc. Un puissant dopant pour l’audience de ce magazine d’actualité qui ne rassemblait habituellement que 4 millions de téléspectateurs depuis le début de l’année, selon Médiamétrie.
Dimanche soir, Zone interdite a réuni 6,5 millions de personnes.
De son côté, TF1 prenait un certain risque en programmant «La liste de Schindler». Même s’il s’agit d’un film archiconnu, peu diffusé à la TV et réalisé par le plus célèbre des cinéastes, son sujet, l’Holocauste, exigeait un tout petit effort la part du téléspectateur. C’était sans doute trop.
Ni la notoriété de Spielberg, ni celle du film, ni la puissance de frappe de TF1 n’ont pu faire pencher la balance: «La liste de Schindler» n’a pas pesé lourd face au petit reportage racoleur de M6: c’est la dure loi du spectacle.
